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France: les prétendants à l'Elysée pour une dose de protectionnisme

Lors de leur troisième débat télévisé, les sept prétendants à l'Elysée ont déploré les récents propos du nouveau locataire de la Maison Blanche contre la politique européenne. © KEYSTONE/EPA AFP POOL/ERIC FEFERBERG / POOL
Lors de leur troisième débat télévisé, les sept prétendants à l'Elysée ont déploré les récents propos du nouveau locataire de la Maison Blanche contre la politique européenne. © KEYSTONE/EPA AFP POOL/ERIC FEFERBERG / POOL


Publié le 20.01.2017


Les candidats à la primaire de la gauche en vue de l'élection présidentielle française se sont prononcés jeudi pour l'instauration, à des degrés divers, d'une dose de protectionnisme en Europe. Ils ont aussi déclaré prendre au sérieux les menaces proférées par Trump.

"Oui il faut davantage nous protéger", a estimé l'ex-Premier ministre Manuel Valls, lors de l'ultime débat télévisé entre les sept postulants - dont quatre socialistes. Le premier tour du scrutin a lieu dimanche.

"Il faut taxer lourdement les importations en violation avec nos normes environnementales et sociales", a proposé le responsable socialiste. Ce dernier figure parmi les favoris, et estime que "le projet européen est menacé de dislocation", notamment "parce que les peuples n'y trouvent pas leur compte".

"Il n'y a que l'Europe aujourd'hui qui ne fixe pas ce qu'elle veut protéger", a renchéri l'ancien ministre de l'Education Benoît Hamon, devant la volonté protectionniste affichée par le président élu américain Donald Trump. Ce jeune candidat de 39 ans, porté par une forte dynamique ces derniers jours, a proposé de "poser des écluses aux frontières de l'Union européenne qui détermineront les conditions d'accès au marché européen".

Revenu universel éreinté

Plus restrictif encore, l'ex-ministre de l'Economie Arnaud Montebourg, qui se pose en champion du "Made in France", a défendu son idée de réserver 80% des marchés publics aux petites et moyennes entreprises françaises. "Les mesures de protection de nos intérêts économiques sont de bon sens. Nous avons besoin de remonter notre industrie qui été dévorée par les dix années de crise qui viennent de s'écouler", a-t-il estimé.

"Attention au protectionnisme", a toutefois nuancé Vincent Peillon, autre ancien ministre socialiste. "Ceux qui disent 'on va se replier', comment ils vont faire pour aller gagner des marchés à l'étranger?", a-t-il questionné.

Les candidats ont par ailleurs affiché des positions divergentes sur le respect des règles européennes en matière budgétaire. Seuls Manuel Valls et Vincent Peillon ont estimé important de respecter la "trajectoire" d'un déficit limité à 3% de la richesse nationale. "Je ne veux pas d'une gauche qui fait des propositions à crédit pour perdre totalement son crédit", a insisté l'ancien Premier ministre.

Arnaud Montebourg a, lui, défendu son principe d'une relance budgétaire, où "le déficit recommence à monter mais redescend immédiatement après".

La proposition phare de Benoît Hamon d'un revenu universel d'existence a été éreintée par ses concurrents, pour son coût jugé démesuré. La mise en place de cette mesure - réservée dans un premier temps aux plus modestes et aux jeunes de 18 à 25 ans - coûtera 45 milliards d'euros et fera "circuler de l'argent", s'est défendu M. Hamon.

Trump dans le débat

Lors de leur troisième débat télévisé, les sept prétendants à l'Elysée ont également déploré les récents propos du nouveau locataire de la Maison Blanche contre la politique européenne. Dans une interview accordée au Bild allemand et au Times britannique, le président élu qualifie l'Otan d'"obsolète". Il juge que la politique d'accueil des migrants en Allemagne a été une "erreur catastrophique".

Pour Manuel Valls, "les mots de Trump sont une véritable déclaration de guerre politique". "Le monde est périlleux, est dangereux, et l'Europe et la France doit le protéger. J'utilise ce mot parce que je veux prouver à mes compatriotes que le monde est en train de changer", a déclaré l'ancien Premier ministre sur France 2.

"Pas envie de rire"

A ses côtés, Vincent Peillon a déploré l'emploi du mot "guerre". "Il ne faut pas faire la guerre tout le temps et à tout le monde", a estimé le député européen. "Ce n'est pas l'essentiel. L'essentiel c'est que les États-Unis sont nos alliés. M. Trump fait beaucoup de déclarations. Pour l'instant, on a à le juger aux actes".

Pour l'ancien ministre Arnaud Montebourg, les positions nationalistes exprimées par le nouveau président américain donnent une responsabilité à l'Europe. "La question européenne est très importante. La France est en train de s'effondrer, attaquée de l'intérieur et de l'extérieur. Nous devons travailler à un nouveau traité de Rome", a-t-il estimé.

Benoît Hamon voit quant à lui dans la position américaine une nouvelle raison, pour l'Europe, de "renforcer son projet de défense commune".

L'écologiste François De Rugy s'est particulièrement inquiété du scepticisme de Donald Trump vis-à-vis de l'accord mondial contre le réchauffement climatique. "Moi, je n'ai pas envie de rire quand je vois la politique qu'il prépare", a-t-il dit. "Il y a quelque chose d'extrêmement grave qui est en train de se passer".

ats, reu

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