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L'Arménie accuse l'Azerbaïdjan d'avoir violé la "trêve humanitaire"

Ces bombardements témoignent de l'impuissance depuis trois semaines de la communauté internationale. © KEYSTONE/EPA/AZIZ KARIMOV
Ces bombardements témoignent de l'impuissance depuis trois semaines de la communauté internationale. © KEYSTONE/EPA/AZIZ KARIMOV
Ces bombardements témoignent de l'impuissance depuis trois semaines de la communauté internationale. © KEYSTONE/EPA/AZIZ KARIMOV
Ces bombardements témoignent de l'impuissance depuis trois semaines de la communauté internationale. © KEYSTONE/EPA/AZIZ KARIMOV
La ville de Gandja a été frappée à plusieurs reprises depuis le début du conflit, notamment dimanche lorsqu'un missile avait déjà fait dix morts. © KEYSTONE/AP/Aziz Karimov
La ville de Gandja a été frappée à plusieurs reprises depuis le début du conflit, notamment dimanche lorsqu'un missile avait déjà fait dix morts. © KEYSTONE/AP/Aziz Karimov
La ville de Gandja a été frappée à plusieurs reprises depuis le début du conflit, notamment dimanche lorsqu'un missile avait déjà fait dix morts. © KEYSTONE/AP/Aziz Karimov
La ville de Gandja a été frappée à plusieurs reprises depuis le début du conflit, notamment dimanche lorsqu'un missile avait déjà fait dix morts. © KEYSTONE/AP/Aziz Karimov


Publié le 18.10.2020


Une semaine après un premier cessez-le-feu, conclu mais jamais respecté, entre Azerbaïdjan et Arménie au Nagorny Karabakh, une nouvelle "trêve humanitaire" est entrée en vigueur samedi à minuit heure locale. Erevan a accusé Bakou de l'avoir aussitôt violée.

"La République d'Arménie et la République d'Azerbaïdjan sont convenues d'une trêve humanitaire à partir du 18 octobre à 00h00 heure locale", a déclaré samedi soir le ministère arménien des Affaires étrangères. Le ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères a confirmé, dans une déclaration identique.

Mais seulement quelques heures plus tard, la porte-parole du ministère arménien de la Défense, Shushan Stepanyan, a affirmé sur Twitter: "L'ennemi a effectué des tirs d'artillerie en direction du nord entre 00h04 et 02h45 (22h04 et 00h45 en Suisse) et a lancé des roquettes vers le sud entre 02h20 et 02h45". L'Azerbaïdjan n'a pas immédiatement réagi.

La reprise des combats il y a trois semaines a fait des centaines de morts. Après une première tentative ratée de cessez-le-feu sous l'égide de Moscou, le conflit a connu une nouvelle escalade samedi.

L'Azerbaïdjan a juré de "venger" la mort de treize civils, dont des enfants, ayant péri la nuit précédente dans un bombardement nocturne de Gandja, deuxième ville du pays. De nombreuses maisons ont été détruites par un pilonnage vers 03h00 locales (01h00 en Suisse) qui a aussi fait plus de 45 blessés, selon le procureur général.

"Crimes de guerre"

L'annonce intervient alors que le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov s'est entretenu au téléphone dans la soirée avec ses homologues arménien et azerbaïdjanais. Il a insisté sur "la nécessité d'un respect strict" du cessez-le-feu conclu samedi dernier à Moscou, selon le ministère russe des Affaires étrangères.

Le président français Emmanuel Macron a salué cette trêve, conclue "à l'issue d'une médiation française conduite au cours des derniers jours et des dernières heures en coordination avec les co-présidents du groupe de Minsk" (France, Russie, Etats-Unis). Ce cessez-le-feu "doit être inconditionnel et strictement respecté par les deux parties", a ajouté l'Elysée.

Le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a qualifié son ennemi séparatiste du Nagorny Karabakh et son parrain, l'Arménie, tour à tour de "chiens" et de "fascistes". Son allié turc a accusé l'Arménie de "crimes de guerre". L'UE a quant à elle "déploré" ces frappes, et appelé une fois encore "toutes les parties à cesser de viser les civils".

La ville de Gandja, environ 300'000 habitants, a été frappée à plusieurs reprises depuis le début du conflit, notamment dimanche lorsqu'un missile avait déjà fait dix morts.

"Cibles légitimes" à Gandja

Les séparatistes arméniens ont relevé samedi pour leur part que Gandja abrite "des cibles légitimes": base aérienne, état-major d'une brigade motorisé, forces spéciales, centre des opérations de la défense azerbaïdjanaise, dépôts de carburant et usines de munitions.

Ils ont accusé aussi l'Azerbaïdjan d'avoir attaqué durant la nuit des infrastructures civiles du Nagorny Karabakh, nécessitant une riposte. Stepanakert a en effet été secoué par des explosions, selon l'AFP. Une frappe a détruit notamment une partie du toit d'un centre commercial et, plus loin, les vitres de commerces et d'un immeuble d'habitation ont volé en éclats.

"Bêtes sauvages"

Sur le front, les combats ont continué aussi. Ilham Aliev a annoncé samedi la prise de nouveaux territoires, notamment Fizouli "ville occupée depuis trente ans par des bêtes sauvages". Cette zone forme l'un des sept districts azerbaïdjanais dont les séparatistes ont pris le contrôle dans les années 1990 pour constituer un glacis de protection autour du territoire à proprement parler du Karabakh.

Ces bombardements, ainsi que les combats sur la ligne de front, témoignent de l'impuissance depuis trois semaines de la communauté internationale. Depuis une semaine, un accord de trêve humanitaire négocié sous l'égide de Moscou n'a jamais été appliqué. Washington et Paris ont de nouveau insisté vendredi soir sur la nécessité d'arrêter les hostilités.

Centaines de morts

L'Azerbaïdjan a obtenu des gains territoriaux ces trois dernières semaines sans pour autant remporter de bataille décisive. Bakou n'a pas jusqu'ici révélé le coût du conflit, ne publiant aucun bilan militaire, matériel ou humain.

Les séparatistes affirment avoir tué des milliers d'hommes, reconnaissent avoir dû reculer, mais assurent "contrôler la situation". Officiellement, ils ont perdu environ 700 hommes et la moitié des 140'000 habitants ont été déplacés.

ats, afp

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