Mesurant plus de quinze mètres de haut avec des pieds solidement ancrés, le géant séculaire paraît immuable. Dressé au centre de mon village au pied du Jura, ce tilleul n’a rien à envier aux nombreux hêtres et sapins composant la forêt proche. Me saluant chaque matin derrière la fenêtre de mon salon offrant une vue sur ses plus hautes branches, il se fait l’écho du cycle des saisons. Témoin de l’histoire du village, il se déploie au-dessus de la place à laquelle il a donné son nom. La place du Tilleul, cour d’école au début du siècle passé, voit s’y dérouler les populaires tournois de pétanque l’été, la distribution de la soupe à la courge l’automne, l’arrivée de saint Nicolas et de son âne en décembre. Si les habitants se retrouvent à ses pieds, la vie fourmille aussi plus haut. Pics épeiches, mésanges, moineaux, pies ou bergeronnettes s’y retrouvent, tout comme trois splendides chardonnerets élégants qui y ont élu domicile depuis une semaine.