«Tout est dans l’enfance», murmure Sidi Larbi Cherkaoui, et son regard, qui quitte un instant le bureau où il nous reçoit, s’en va chercher dans le passé des moments familiers, douloureux, joyeux. Il est alors un petit garçon; nous voici donc dans le salon de ses parents, à Anvers où il est né. «Il y avait souvent des conflits entre mon père et ma mère, raconte-t-il, mais quand ils étaient de bonne humeur ils se mettaient à danser. Je les regardais; dès lors la danse fut pour moi une manière de voir le bonheur.»

Et pour son public, une chance: savourer ce bonheur que lui, danseur, chorégraphe, metteur en scène, pianiste et dessinateur, transmet sur scène, comme on transmet un héritage. Son œuvre (une cinquantaine de créations) est prodigieuse, son talent tout autant, son succès international impressionnant, et ses doutes touchants.

«Moitié Belge, moitié Marocain, moitié chrétien, moitié musulman, enfant je n’étais rien aux yeux des autres. Ce sentiment m’a poursuivi», lâ