Parle-moi de ton taf!

Karim Gugler, 25 ans, étudiant en maturité technique, a travaillé à la Guglera, à Chevrilles, où sont pris en charge les migrants.

«J’ai travaillé durant cinq mois à la Guglera. J’y étais d’abord dans le cadre du service civil, puis j’ai été engagé car je m’y sentais bien. Dans ce centre, les migrants sont en général pris en charge avant d’être renvoyés mais nous les accompagnons tout de même au quotidien dans leurs dernières démarches pour tout ce qui concerne les papiers. Ils doivent se faire à une société qui peut être complexe pour eux. L’ambiance est parfois tendue: le temps est long quand tu guettes une décision qui changera à coup sûr le sens de ta vie.

Malgré tout, c’était pour moi une expérience marquante dans le bon sens du terme, parce que j’ai appris à parler avec des gens de tous les horizons et j’ai pris du recul sur ma vie en Suisse, où j’ai la chance de pouvoir évoluer sereinement. Au sein de cette organisation, j’ai grandi socialement, j’ai compris qu’il faut s’ouvrir réellement à ces gens qui demandent une terre d’accueil et qu’on peut apprendre de tout et de tout le monde.

J’ai tissé beaucoup de liens là-bas, notamment au travers du sport qui était un bon moyen pour échanger. En tant qu’accompagnateur, on se doit quand même de ne pas trop prendre les choses à cœur car s’impliquer dans les combats de ces personnes représente une charge très lourde à porter… Il faut un certain recul par rapport aux décisions que les gens reçoivent, mais je reste humain et leurs situations me touchent.

Ça a été une chance d’avoir pu voir comment se déroulait ce genre de démarche, et je pense qu’il faudrait davantage se mettre à leur place. C’est important de les écouter pour mieux les comprendre, et non pas pour leur répondre. Ils ont cette envie de changer de vie pour un meilleur avenir, et c’est une force incroyable qu’ils ont en eux.» Elsa Rohrbasser