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Le Cléac’h triomphe avec majesté

Le Français a remporté hier après midi le Vendée Globe. Il a aussi signé le nouveau record de l’épreuve

Armel Le Cléac’h: «Je la voulais tellement cette victoire.» © Photo Vendée Globe
Armel Le Cléac’h: «Je la voulais tellement cette victoire.» © Photo Vendée Globe
Publié le 20.01.2017

Temps de lecture estimé : 6 minutes

Voile »   Armel Le Cléac’h a réalisé l’un de ses rêves les plus fous en remportant hier, pour sa troisième tentative, le Vendée Globe, la course de référence à la voile en solitaire autour du monde. Il a qui plus est signé un temps record. A bord de son monocoque Banque Populaire VIII, le Français (39 ans), en tête de la course depuis 46 jours, a coupé la ligne d’arrivée aux Sables-d’Olonne peu après 16 h 35, après 74 jours 3 heures 35 minutes et 46 secondes. Il succède au palmarès à François Gabart, qui détenait le record de temps de la course 
(78 jours 2 heures 16 minutes).

Le Breton est arrivé aux Sables-d’Olonne escorté par des dizaines de bateaux venus accueillir leur héros avant la ligne, baignée par un pâle soleil d’hiver. Une fois celle-ci coupée, les membres de son équipe sont montés à bord pour un moment fort en émotions. Ensuite, le marin a dû patienter jusqu’à la prochaine marée haute, aux alentours de 18 h, pour remonter en vainqueur le chenal qui mène à Port Olona, le long duquel une foule immense était massée malgré le froid glacial.

Vainqueur sous pression

Le Cléac’h est arrivé éprouvé et fatigué après avoir dû tenir tête pendant presque dix semaines – soit la totalité de la course – à un coriace adversaire, Alex Thomson (Hugo Boss). Pour sa quatrième participation, le Britannique entendait bien devenir le premier étranger à remporter le Vendée Globe. Mais l’illustre compétition de voile est restée la propriété des Français grâce à la ténacité et la grande maîtrise d’Armel Le Cléac’h. Ce dernier a su résister à la pression du Gallois, qui se trouvait à une centaine de milles (environ 180 km) au moment de la victoire de 
Le Cléac’h.

Pour cette huitième édition d’une course lancée il y a 28 ans, Le Cléac’h est devenu le septième navigateur à s’imposer. Michel Desjoyeaux a gagné deux fois en 2001 et 2009. Parti le dimanche 6 novembre à 13 h 02 des Sables-d’Olonne, il ne s’est pas positionné en tête d’entrée. Mais très rapidement, il s’est retrouvé à la lutte avec Thomson, leader dès le 
12 novembre. Le Français a pris les commandes le 3 décembre pour ne plus jamais céder cette place de premier. Il avait terminé deuxiè­me de son premier Vendée Globe en 2008-2009, puis encore deuxième de la dernière édition, à seulement 3 heures de Gabart.

Une voile cassée

Ce père de deux enfants, issu d’une famille de marins côté maternel et qui a grandi avec deux frères et une sœur, s’est entièrement dédié à cette course. Son bateau (Banque Populaire VIII) a été spécialement conçu pour cette édition, et équipé de ces fameux foils (appendices latéraux qui soulagent le bateau à certaines allures pour aller plus vite), restés intacts. Ce qui n’a pas été le cas pour Thomson, qui a cassé l’un de ses deux foils. Seul couac technique pour le Français: une voile cassée dans le Pacifique, qu’il n’a pas pu utiliser pendant un mois et demi.

Armel Le Cléac’h fera ses adieux en mars à ce monocoque avec lequel il vient de vivre une aventure extraordinaire. Le bateau passera dans les mains de Louis Burton, actuel 7e du Vendée Globe. Le vainqueur du Vendée Globe se consacrera à son nouveau bébé, un multicoque de la classe des Ultime, le Maxi Banque Populaire IX, qui sera inauguré avec la course The Bridge, 
une transat Saint-Nazaire-New York qui met aux prises le paquebot Queen Elizabeth II et quatre 
maxi-trimarans. ats


 

«La météo n’a pas été facile, j’ai l’impression qu’elle était contre moi»

Emu aux larmes mais très heureux, Armel Le Cléac’h a confié n’avoir entrevu la victoire «que la nuit dernière». Le Breton a alterné commentaires et pleurs après avoir franchi hier la ligne d’arrivée du Vendée Globe. «Les derniers jours ont été très intenses. Je réalise que j’ai fait quelque chose d’énorme mais je n’ai rien lâché, pas un mètre, c’est dur», a déclaré le skipper de Banque Populaire VIII à la presse, très pudique mais rapidement submergé par les larmes. «Je la voulais tellement cette victoire», a-t-il hoqueté, avant de pleurer. «Voilà, j’ai réussi», a-t-il encore glissé avant de se prendre le visage dans les mains. «Je suis trop content. La météo n’a pas été facile, j’ai l’impression qu’elle était contre moi, je me suis accroché, j’ai eu beaucoup de soutiens à terre, des gens qui m’envoyaient des messages et puis finalement, la victoire je ne l’ai entrevue que la nuit dernière», a-t-il encore confié. «Cela a été intense du début à la fin, j’ai l’impression d’être parti hier, de ne pas avoir eu de moment de répit. Il y a juste eu après le cap Horn, où j’avais beaucoup d’avance et où j’ai pu me reposer quelques heures. C’était mon troisième Vendée Globe, et je savais que c’était celui-là qu’il fallait aller chercher. Il y a 4 ans ça n’avait pas été facile (il avait terminé 2e à 3 heures du vainqueur François Gabart, ndlr). Je ne voulais tellement pas revivre la même chose que je me suis bagarré jusqu’au bout», a ajouté Le Cléac’h (39 ans). ats

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