La Liberté

Emprisonnés deux ans avant d’arriver

Le vaste complexe abritant l’institut Gouglera est est situé à Giffers. © Aldo Ellena
Le vaste complexe abritant l’institut Gouglera est est situé à Giffers. © Aldo Ellena


Louis Ruffieux

Publié le 27.02.2015

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Des feux sur les collines, des sonneurs de cloches pour mobiliser les troupes, des mots qui claquent comme des coups de fouet: mais qui donc a déclaré la guerre à la Singine pour justifier cet état de siège? L’agitation autour du futur centre de requérants d’asile de la Gouglera fait froid dans le dos. Elle est entretenue par des élus inconséquents qui exploitent sans vergogne les peurs de la population.

L’achat par la Confédération de la Gouglera obéit précisément à ce qu’a voulu le peuple en adoptant, en juin 2013, des modifications urgentes de la loi sur l’asile. Pour accélérer les décisions, Berne souhaitait avoir la haute main sur toute la procédure. L’acquisition de centres d’accueil par la Confédération elle-même était présentée comme un élément prioritaire du dispositif. Ces mesures urgentes ont été plébiscitées. Dans le canton de Fribourg, la Singine a dégagé le plus fort taux d’approbation: près de 83%!

Que dire dès lors de ces deux députés singinois, l’un UDC et l’autre libéral-radical (ancien président du Grand Conseil), qui mènent la fronde contre l’application d’une politique d’asile plus dure souhaitée par leurs partis et la population? Ignorance, malhonnêteté intellectuelle, pur opportunisme? Ces gens-là n’ont pour horizon que les voix qu’ils peuvent gagner en s’époumonant dans le sens du vent mauvais. La question de l’asile est, pour eux, l’occasion d’une vile récupération politique à toutes les étapes, quitte à se contredire et à nuire gravement à l’image de la Singine et du canton.

Depuis la décennie 1980, par rapport à d’autres districts, la Singine n’a que peu participé à l’effort cantonal pour l’hébergement des candidats à l’asile. La Gouglera abritera dès 2017 quelque 300 êtres humains ayant fui leur pays pour échapper à la misère ou à la guerre. Ils seront soumis à un régime proche de la semi-détention (interdiction de sortir dès 17 heures, par exemple). Est-ce une raison pour les emprisonner, deux ans avant leur arrivée, dans des préjugés qu’on pensait éculés? Consternant.


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