La Liberté

La fin de l’âge d’or de la SSR

Les opinions du rédacteur en chef de «La Liberté» • Le minuscule «oui» aux modifications de la loi sur la radio-tv ne dissipe pas un gros malaise. Si la palpitante scène de ménage entre le peuple suisse et la SSR ne s’est de justesse pas conclue par un divorce, le service (public) de porcelaine a néanmoins été malmené. Comme dans toute bagarre, on s’est jeté au visage des arguments fort éloignés de la dispute initiale.

Louis Ruffieux, rédacteur en chef de «La Liberté». © Alain Wicht/La Liberté
Louis Ruffieux, rédacteur en chef de «La Liberté». © Alain Wicht/La Liberté


Louis Ruffieux

Publié le 15.06.2015

Temps de lecture estimé : 1 minute

Ne l’oublions pas, le peuple a failli rejeter une… baisse du montant de la redevance qui concernera tous les particuliers. C’est dire la force de conviction - et d’intoxication! - des référendaires, qui ont cristallisé les oppositions protéiformes à la SSR. A ceux qui, idéologiquement, vomissent le service public, se sont ajoutés de grands patrons de médias privés excédés par l’appétit excessif de la Société suisse de radiodiffusion et de télévision. A l’heure où les médias classiques vivent la plus grave crise de leur histoire, la SSR, qui reçoit plus de 1,3 milliard par an au titre de la redevance, ne peut décemment pas réclamer, sans une compensation sérieuse, l’ouverture d’espaces publicitaires sur ses supports numériques.

Fallait-il rouvrir le débat sur le service public avant de proposer un nouveau mode de perception de la redevance? La mission de la SSR est gravée dans le marbre. Son périmètre d’action et ses moyens, eux, seront au cœur d’une discussion de fond programmée pour 2016. Elle sera marquée par la profonde division apparue hier dans les urnes, et la SSR n’en sortira sans doute pas indemne.

Le plus grand danger? La remise en question des mécanismes de solidarité qui font qu’aujourd’hui, les régions linguistiques minoritaires bénéficient de prestations bien supérieures à ce qu’elles payent. Ce qui fonde le génie suisse, déjà miné sur plusieurs fronts (apprentissage des langues nationales, relations avec l’Union européenne…), serait une nouvelle fois ébranlé par la coalition des égoïsmes et du nationalisme politique. La fin de l’âge d’or de la SSR coïnciderait alors avec un nouveau déclin de la cohésion du pays.


Les opinions du rédacteur en chef de «La Liberté»

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