La Liberté

Miser d’abord sur ce qui existe

Louis Ruffieux

Publié le 09.03.2015

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Mais où étaient donc les pères et mères de famille hier? Au soleil plutôt que dans les locaux de vote? Ou ont-ils jugé inutile, voire pernicieuse, l’initiative en faveur de la défiscalisation des allocations familiales, censée les soulager? Plus de trois citoyens sur quatre l’ont rejetée: c’est énorme, compte tenu du cadeau proposé et du nombre de bénéficiaires potentiels. Pour le Parti démocrate-chrétien, dont c’était la première initiative depuis la nuit des temps, l’échec est sévère. Tout au plus peut-il se consoler en voyant la raclée réservée à l’autre initiative du jour, celle des vert’libéraux, littéralement atomisée…

Quand planent les incertitudes économiques et que tombent les coupes dans les budgets publics, quand la force du franc affaiblit les entreprises exportatrices, le peuple n’est guère enclin aux paris sur l’inconnu. Le vif débat autour des vrais bénéficiaires de l’initiative démocrate-chrétienne - les riches ou les pauvres? - et les craintes liées au trou creusé dans les caisses publiques ont refroidi les ardeurs. De plus, le PDC s’est battu seul. Officiellement derrière lui, l’UDC s’est contentée de le regarder aller au casse-pipe. Après tout, à chacun son tour… En novembre 2013, l’UDC n’avait guère pu compter sur le «parti de la famille» pour appuyer son initiative réclamant des déductions fiscales pour les parents gardant les enfants à la maison. Au printemps de la même année, avait échoué d’un poil l’article constitutionnel sur la politique familiale, vigoureusement combattu par la même UDC.

Est-ce à dire que les mesures en faveur de la famille seront toujours, dans ce pays, à la merci des humeurs partisanes, des retours de bâton et des arrière-pensées politiciennes? Les échecs dans les urnes de trois projets en deux ans ne plaident pas pour l’essai de nouveaux instruments. En revanche, un renforcement des dispositifs existants (allocations, déductions fiscales, mesures pour concilier vie professionnelle et familiale) est toujours possible sans risquer un bris de vaisselle devant le peuple: la volonté politique suffit. Elle n’est pas toujours au rendez-vous.


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