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Jour historique à l'OCDE avec un accord sur un système de taxation

"Ce paquet de mesures historique garantira que les grandes entreprises multinationales paient leur juste part d'impôts partout dans le monde", a déclaré le secrétaire général de l'OCDE, Mathias Cormann © KEYSTONE/AP/Ian Langsdon
"Ce paquet de mesures historique garantira que les grandes entreprises multinationales paient leur juste part d'impôts partout dans le monde", a déclaré le secrétaire général de l'OCDE, Mathias Cormann © KEYSTONE/AP/Ian Langsdon
"Ce paquet de mesures historique garantira que les grandes entreprises multinationales paient leur juste part d'impôts partout dans le monde", a déclaré le secrétaire général de l'OCDE, Mathias Cormann © KEYSTONE/AP/Ian Langsdon
"Ce paquet de mesures historique garantira que les grandes entreprises multinationales paient leur juste part d'impôts partout dans le monde", a déclaré le secrétaire général de l'OCDE, Mathias Cormann © KEYSTONE/AP/Ian Langsdon


Publié le 01.07.2021


"Un jour historique": moins d'un mois après le G7, et après des années de négociations, 130 pays, mais pas l'Irlande, se sont mis d'accord jeudi pour mieux taxer les multinationales, avec notamment un taux minimum d'impôt sur les sociétés "d'au moins 15%".

"Après des années de travaux et de négociations intenses, ce paquet de mesures historique garantira que les grandes entreprises multinationales paient leur juste part d'impôts partout dans le monde", a déclaré Mathias Cormann, le secrétaire général de l'Organisation de développement et de coopération économique (OCDE) qui pilote ces négociations, cité dans un communiqué.

Un petit groupe de pays, dont l'Irlande et la Hongrie, très réticents à la proposition d'accord qui était en négociation, notamment sur un taux minimum de 15%, n'ont pas signé la déclaration conclue ce jour, selon la liste fournie par l'Organisation.

Le gouvernement irlandais, par la voix de son ministre des Finances Paschal Donohoe, a cependant affirmé "soutenir dans l'ensemble" cet accord. Il a affirmé avoir "pour objectif de trouver une issue que l'Irlande puisse encore soutenir".

La Chine, dont la position était très attendue, et les pays généralement considérés comme des paradis fiscaux se sont eux joint à l'accord. L'ensemble des pays signataires représentent 90% du PIB mondial.

"Un jour historique"

"Les sociétés multinationales ne pourront plus opposer les pays les uns aux autres dans le but de faire baisser les taux d'imposition et de protéger leurs bénéfices au détriment des recettes publiques", a réagi le président américain Joe Biden dans un communiqué. Ces entreprises "ne pourront plus éviter de payer leur juste part en cachant les bénéfices générés aux Etats-Unis, ou dans tout autre pays, dans des juridictions à fiscalité plus faible".

Sa secrétaire au Trésor, Janet Yellen, a salué "un jour historique pour la diplomatie économique". Le ministre allemand des Finances Olaf Scholz a évoqué un "pas colossal vers une plus grande justice fiscale" et son homologue français Bruno Le Maire "l'accord fiscal international le plus important conclu depuis un siècle".

Si l'accord met sous pression le modèle des paradis fiscaux les plus agressifs, il devrait essentiellement profiter aux pays riches, a nuancé l'ONG Oxfam. "Les pays riches forcent les pays en développement à choisir entre un accord désavantageux et pas d'accord", a-t-elle fustigé dans un communiqué, dénonçant une "nouvelle forme de colonialisme économique".

Réserve de la Suisse

La Suisse a adhéré à ces lignes directrices malgré de grandes réticences, a indiqué le Département fédéral des finances (DFF) dans un communiqué. Elle demande que les intérêts des petits pays innovants soient dûment pris en compte dans la formulation finale des règles.

Les entreprises potentiellement concernées en Suisse avaient souligné l'importance d'un accord multilatéral, précise le DFF. De nombreux pays avaient annoncé qu'ils feraient cavalier seul si une solution de l'OCDE échouait.

Répartition "plus équitable"

La déclaration commune, qui se base sur l'accord conclu au G7 début juin, prévoit aussi de répartir de manière "plus équitable" les bénéfices entre les pays où sont installés les sièges des entreprises et ceux où elles réalisent effectivement leur activité, même sans présence physique. Ce volet vise notamment les géants du numérique.

"Ce plan à deux piliers sera d'une aide précieuse aux Etats qui doivent mobiliser les recettes fiscales nécessaires pour rétablir leurs budgets et leurs finances publiques tout en investissant dans les services publics essentiels, les infrastructures et les mesures requises pour que la reprise post-COVID soit forte et durable", a souligné l'OCDE dans son communiqué.

"Ce paquet de mesures ne met pas fin à la concurrence fiscale, et n'a pas vocation à le faire, mais cherche à la limiter selon des règles convenues à l'échelle multilatérale", a insisté M. Cormann.

Mise en oeuvre en 2023

Les participants aux négociations se sont donnés jusqu'au mois d'octobre prochain pour "parachever les travaux techniques" et pour préparer "un plan de mise en oeuvre effective en 2023".

Cette réunion était très attendue, entre celle du G7 début juin à Londres, et celle prévue la semaine prochaine des ministres des Finances du G20 à Venise. Ces derniers devraient entériner l'avancée technique et politique conclue ce jeudi. L'accord conclu à Londres avait redonné un élan à la négociation, enlisée pendant la présidence de Donald Trump et relancée par l'arrivée de Joe Biden à la Maison blanche.

La crise sanitaire, qui a vu les Etats dépenser massivement pour faire face à la pandémie et soutenir leurs économies, a aussi renforcé la volonté politique pour aboutir à un accord censé accroître les recettes fiscales. Selon l'OCDE, avec un taux d'au moins 15%, l'impôt minimum mondial devrait générer environ 150 milliards de dollars de recettes fiscales supplémentaires par an au niveau mondial

ats, afp

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