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La guerre en Ukraine accentue l'impasse des biocarburants (ONG)

L'Europe transforme 10'000 tonnes de blé, l'équivalent de 15 millions de miches de pain de 750 grammes, en éthanol chaque jour, selon l'ONG (archives). © KEYSTONE/CHRISTIAN BEUTLER
L'Europe transforme 10'000 tonnes de blé, l'équivalent de 15 millions de miches de pain de 750 grammes, en éthanol chaque jour, selon l'ONG (archives). © KEYSTONE/CHRISTIAN BEUTLER


Publié le 24.03.2022


Le recours aux biocarburants à base d'huiles végétales ou de céréales en Europe est jugé "irresponsable" par l'ONG Transport & Environment. Elle pointe la menace qui pèse sur la sécurité alimentaire mondiale depuis le début de la guerre en Ukraine.

"La grande majorité des biocarburants utilisés dans l'Union européenne provient de cultures vivrières", dénonce l'ONG dans une étude publiée jeudi. Selon elle, 78% des matières premières utilisées pour produire du biodiesel sont en effet des huiles obtenues à partir de colza, de palme, de soja et de tournesol. Pour le bio-éthanol, la proportion de produits agricoles (maïs, blé, betteraves) est encore plus élevée: 96%.

Les ventes de bioéthanol (E85), carburant automobile bon marché, où de l'alcool pur remplace en grande partie l'essence, ont fortement progressé en France en 2021, mais ses avantages environnementaux restent contestés.

"Malgré le risque imminent de pénurie alimentaire, qui pourrait entraîner des centaines de millions de personnes dans la pauvreté alimentaire, l'Europe continue de transformer 10'000 tonnes de blé - l'équivalent de 15 millions de miches de pain (750 grammes) - en éthanol chaque jour, pour une utilisation quotidienne dans les voitures", clame l'ONG.

Russie et Ukraine fournisseurs clés

"La Russie et l'Ukraine sont des fournisseurs clés d'aliments de base dans le monde. Ensemble, elles fournissent environ un quart du blé et de l'orge, 15% du maïs et plus de 60% de l'huile de tournesol vendus dans le monde", rappelle l'ONG.

Alors que l'Europe est presque auto-suffisante en blé, elle importe 22% du maïs qu'elle consomme, en grande partie d'Ukraine. Si l'Europe sera en mesure de gérer les approvisionnements manquants provenant traditionnellement d'Ukraine et de Russie, "certains pays moins forts économiquement pourraient ne pas y arriver", compte tenu de la flambée des cours, souligne l'ONG.

L'Egypte, qui importe plus de 60% de ses besoins en blé, a annoncé récemment arrêter pour trois mois ses propres exportations de blé et de farine, "ce qui va frapper d'autres pays d'Afrique, en particulier l'Erythrée, la Somalie et le Yémen".

Avec une douzaine d'autres ONG, Transport & Environment appelle "les gouvernements nationaux à arrêter immédiatement l'utilisation de matières premières à base de cultures vivrières et fourragères dans les biocarburants".

ats, afp

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