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Violents combats à l'est, Zelensky accuse la Russie de "génocide"

S'adressant par visioconférence à Davos, le président Zelensky a appelé mercredi ses alliés occidentaux à cesser de ménager la Russie ou ses intérêts. © KEYSTONE/EPA/
S'adressant par visioconférence à Davos, le président Zelensky a appelé mercredi ses alliés occidentaux à cesser de ménager la Russie ou ses intérêts. © KEYSTONE/EPA/
Quatre personnes sont mortes dans de nouveaux bombardements sur Kharkiv, deuxième ville d'Ukraine qui avait entamé un retour à une vie normale mi-mai, a indiqué jeudi le gouverneur régional Oleg Sinegoubov sur Telegram. © KEYSTONE/EPA/SERGEY KOZLOV
Quatre personnes sont mortes dans de nouveaux bombardements sur Kharkiv, deuxième ville d'Ukraine qui avait entamé un retour à une vie normale mi-mai, a indiqué jeudi le gouverneur régional Oleg Sinegoubov sur Telegram. © KEYSTONE/EPA/SERGEY KOZLOV
Les nouveaux bombardements russes sur Kharkiv, deuxième ville d'Ukraine, ont tué neuf civils, a indiqué jeudi le gouverneur régional Oleg Sinegoubov sur Telegram. © KEYSTONE/EPA/SERGEY KOZLOV
Les nouveaux bombardements russes sur Kharkiv, deuxième ville d'Ukraine, ont tué neuf civils, a indiqué jeudi le gouverneur régional Oleg Sinegoubov sur Telegram. © KEYSTONE/EPA/SERGEY KOZLOV
Les nouveaux bombardements russes sur Kharkiv, deuxième ville d'Ukraine, ont tué neuf civils, a indiqué jeudi le gouverneur régional Oleg Sinegoubov sur Telegram. © KEYSTONE/EPA/SERGEY KOZLOV
Les nouveaux bombardements russes sur Kharkiv, deuxième ville d'Ukraine, ont tué neuf civils, a indiqué jeudi le gouverneur régional Oleg Sinegoubov sur Telegram. © KEYSTONE/EPA/SERGEY KOZLOV


Publié le 27.05.2022


L'Ukraine a décrit jeudi une offensive militaire russe d'"intensité maximale" et une situation extrêmement difficile dans le Donbass, dans l'est de son territoire. Le président Volodymyr Zelensky accuse Moscou d'y pratiquer un "génocide".

"L'actuelle offensive des occupants dans le Donbass pourrait rendre la région inhabitée", a affirmé M. Zelensky dans son adresse télévisée dans la nuit de jeudi à vendredi, accusant les forces russes de chercher à "réduire en cendres" plusieurs villes de la région.

Les forces russes pratiquent la "déportation" et "les tueries de masse de civils" dans le Donbass, a poursuivi M. Zelensky, selon qui "tout ceci (...) est une politique évidente de génocide menée par la Russie".

Les accusations de M. Zelensky font écho à celles de Moscou, qui a justifié son invasion par un prétendu "génocide" pratiqué par les Ukrainiens contre la population russophone dans le Donbass.

En avril, le Parlement ukrainien avait déjà adopté une résolution qualifiant de "génocide" les agissements de l'armée russe, et avait exhorté tous les pays étrangers et organisations internationales à faire de même. Le président américain Joe Biden a lui-même employé cette expression, tandis que son homologue français Emmanuel Macron s'y refuse.

"Nous avons besoin d'armes"

L'armée russe, qui, après avoir échoué à prendre Kiev et Kharkiv, a concentré ses efforts sur la conquête complète du Donbass, bassin industriel de l'est déjà partiellement contrôlé par des séparatistes prorusses depuis 2014, continue de progresser lentement.

"C'est dur, mais nous tenons le coup. Nous combattons pour chaque centimètre de la ligne de front, pour chaque village. Les armes occidentales nous aident à rejeter l'ennemi hors de notre terre", a écrit sur Telegram le commandant en chef des forces armées ukrainiennes Valeriï Zaloujny.

"Nous avons grand besoin d'armes qui permettront de frapper l'ennemi à grande distance", a-t-il ajouté, soulignant que "tout délai (dans ces livraisons d'armes lourdes) se paie par la vie de gens qui protègent le monde du Ruscisme", la contraction de "Russie" et "fascisme" employée en Ukraine pour désigner le régime instauré à Moscou par Vladimir Poutine.

"Pas de pacifisme faible"

Appuyée par un déluge de bombes, elle menace directement Severodonetsk, une ville de 100'000 habitants avant la guerre, qui pourrait connaître le même sort que Marioupol, la ville portuaire du sud-est en grande partie détruite après des semaines de siège.

"La mission est extrêmement difficile dans la région de Lougansk après trois mois d'attaques et de bombardements permanents. Et maintenant toutes les forces des Russes sont concentrées ici et nous devons contenir cette horde", a dit le gouverneur de cette région du Donbass, Serguiï Gaïdaï, sur Telegram.

"Il est clair que petit à petit nos gars reculent vers des positions mieux fortifiées", a-t-il ajouté. "Les combats ont atteint leur intensité maximale et une étape longue et extrêmement difficile nous attend", a résumé à Kiev jeudi la vice-ministre de la Défense Ganna Malyar au cours d'un point de presse. Elle s'est élevée contre ceux qui "ressortent encore une fois, du tiroir honteux de Munich, l'idée traîtresse d'apaiser l'agresseur".

"Nous rejetons ce pacifisme faible. L'Ukraine se battra pour la libération complète de ses territoires dans leurs frontières internationalement reconnues. Et Poutine peut sauver la face en se retirant de nos territoires", a-t-elle ajouté, dans une allusion apparente aux appels, notamment de Paris, à ne pas "humilier" la Russie.

Pour sa part Serguiï Gaïdaï, gouverneur de la région de Lougansk, a publié sur Telegram : "Des combats extrêmement durs font rage aux abords de Severodonetsk, ils (les Russes) sont en train de détruire complètement la ville".

Rejet du plan italien

Comme symétriquement, la Russie, qui selon des analystes veut consolider ses gains territoriaux dans l'est et le sud de l'Ukraine avant toute solution négociée, a rejeté un plan de paix italien.

Celui-ci qui prévoyait, sous garantie de l'ONU, un cessez-le-feu et le retrait des troupes, l'entrée de l'Ukraine dans l'UE mais pas dans l'Otan, et un statut d'autonomie pour le Donbass et la Crimée qui resteraient sous la souveraineté ukrainienne.

La Russie poursuit donc son offensive, bombardant à nouveau jeudi Kharkiv, deuxième ville du pays qui avait entamé un retour à une vie normale mi-mai et où la circulation du métro avait repris. Selon M. Zelensky, ces bombardements ont fait 9 morts et 19 blessés, tous des civils. Un bébé de cinq mois et son père ont notamment été tués, tandis que la mère a été grièvement blessée, a indiqué le président ukrainien.

Selon un journaliste de l'AFP, au moins un secteur résidentiel du quartier de Pavlové Polé, au centre-nord de la ville, a été touché

Passeport russe

Alors que l'Ukraine est actuellement incapable d'exporter ses céréales en raison du blocage de ses ports, le président Vladimir Poutine s'est dit prêt à aider à "surmonter la crise alimentaire", à condition que cela soit précédé d'une levée des sanctions contre Moscou.

Afin de tenter de contourner le blocus, l'Allemagne a mis sur pied un "pont ferroviaire" avec l'Ukraine pour aider Kiev à exporter ses céréales, a indiqué le prochain chef des forces américaines en Europe, le général Chris Cavoli.

Sur le front méridional, Moscou s'affaire à consolider son emprise sur les territoires conquis depuis trois mois.

La Russie a ainsi annoncé qu'elle allait permettre aux habitants des régions de Zaporijjia et de Kherson de demander un passeport russe via "une procédure simplifiée". L'Ukraine a aussitôt dénoncé un octroi "forcé" de la nationalité russe démontrant la volonté de Moscou de mener une annexion pure et simple de ces territoires.

Jeudi, à Marioupol, un responsable de la mairie a annoncé que les enfants allaient, en lieu et place des vacances d'été, suivre un programme de "dé-ukrainisation" et de préparation au programme russe, avec notamment des cours de langue, de littérature et d'histoire.

Confiance "perdue pour des générations"

A Genève, les pays membres de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ont adopté une résolution présentée par l'Ukraine qui condamne "avec la plus grande fermeté" l'agression militaire russe, et en particulier les attaques contre les services de santé.

A Kiev, où elle était jeudi en visite, la Première ministre finlandaise Sanna Marin, dont le pays vient de soumettre sa demande d'adhésion à l'Otan, a assuré que la confiance dans la Russie "était perdue pour des générations".

ats, afp

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