Le redoutable juke-box de Louisette
Michaël Perruchoud
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Le mot de la fin
C’était un café carougeois d’autrefois. Petite salle, tables et chaises en bois, murs jaunis de fumée, et des habitués qui n’aimaient pas que quelqu’un s’installe à leur place. Des vieux et des prolos… Oui, mais pas seulement. Les lieux s’ouvraient sans distinction d’âge ou de classe sociale. Nous y étions à l’aise à vingt ans. Chez Louisette, les boissons coûtaient moins qu’ailleurs, on pouvait sortir les cartes sans être regardés de travers, et trouver un quatrième au besoin.
La Louisette toute menue trottinait entre les tables depuis plus de cinquante ans, avec sa gouaille et ses bons mots, puis, comme son souffle se faisait court, elle avait trouvé pour la seconder, un serveur étonnamment taciturne, grand, large d’épaules et bien flegmatique. Il savait refuser le verre de trop