La goutte d’eau
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Ça s’appelle le supplice de la goutte d’eau: on fait lentement tomber le liquide sur le crâne du supplicié ligoté, qui finit par devenir cinglé. J’ai testé: c’est pas faux. Un samedi matin, la chasse d’eau de mes toilettes, attenantes à ma chambre à coucher, est restée bloquée en position «ouverte». Rien à faire. Le plombier du seul service de dépannage disponible me l’a répété quatre fois: l’addition serait salée, mieux valait attendre lundi. J’ai attendu… Le pire, c’est la nuit. Impossible de dormir à côté des chutes du Niagara. Le flux continu submerge la moindre pensée. Un naufrage de l’esprit. Seule la culpabilité finit par surnager. Tant d’eau gaspillée… Le lundi, j’ai donc accueilli le plombier en sauveur. Très professionnel, le gars. En cinq sec, il a ouvert la chasse encastrée, détaché des plaques, atteint le réservoir et remplacé le flotteur entartré. Juste avant de remettre le cache final, il pointe du doigt un disque bleu: «Ça, c’est la vanne de fermeture.» J’ai pensé un