Nous irons aux bois
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Poésie » «Une langue sujette à faillir, échouant à remmailler sa trame»: ainsi se présente le verbe de Mary-Laure Zoss, proses accidentées comme des fragments de réel que le poème aurait pour tâche, toujours inachevée, de collecter, sinon de resceller. Depuis la révélation de son premier livre, Le noir du ciel, salué par le Prix Ramuz en 2007, l’écrivaine lausannoise déploie cette rigoureuse poétique avec cohérence, «langue barbelée faisant rafle» pour nourrir une dizaine de recueils, et que l’on admirait encore l’an passé dans D’ici qu’à sa perte.
Rafle ici de sensations dans l’inquiétude mystérieuse des bois, où le «je» s’efface pour laisser un «nous» dériver en une dense futaie dont les arbres sont lieu de sève mais aussi de déliquescence. Pointilliste pourtant sans ponctuation, sinon ces points-virgules qui accolent les débris d’une pleine conscience au monde, sa prose se révèle aussi comme errance dans la forêt-métaphore du langage, nouée de troncs anciens comme nos mot