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Les manifestants défient le pouvoir

Le Sri Lanka ordonne de tirer à vue pour réprimer les émeutes après des affrontements meurtriers

Publié le 11.05.2022

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Violences » Le Gouvernement du Sri Lanka a ordonné hier de «tirer à vue» sur les pillards et les personnes impliquées dans des violences. Cette décision intervient au lendemain des affrontements les plus meurtriers depuis des semaines dans le pays. Plusieurs centaines de manifestants ont néanmoins défié le couvre-feu à Colombo, capitale de cette île de 22 millions d’habitants en proie à une crise économique historique.

L’ONU a dénoncé «l’escalade de la violence» et demandé d’entamer le dialogue avec la population, excédée par des mois de graves pénuries de nourriture, de carburant et de médicaments, qui demande le départ de la famille Rajapaksa au pouvoir. L’UE a exhorté toutes les parties à éviter la violence. Le Ministère de la défense a annoncé que «les forces de sécurité ont reçu l’ordre de tirer à vue sur quiconque pillera des biens publics ou attentera à la vie» d’autrui. Des dizaines de milliers de militaires ont été déployés.

La haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, s’est déclarée «profondément troublée» après que des partisans du premier ministre Mahinda Rajapaksa «ont attaqué des manifestants pacifiques à Colombo». Des groupes anti-gouvernementaux ont bloqué le trafic sur la route menant à l’aéroport de Colombo, pour s’assurer que des membres du parti et des proches des Rajapaksa ne tentaient pas de quitter l’île. «Les gens sont en colère après les attaques lancées contre nous hier. Et malgré le couvre-feu, nous avons beaucoup de volontaires qui viennent nous apporter de la nourriture et de l’eau», a déclaré un manifestant, Chamal Polwattage.

Le numéro deux de la police a été légèrement blessé par la foule et son véhicule incendié près de la résidence du premier ministre à Colombo, selon les autorités. Les affrontements de lundi ont fait huit morts, dont deux policiers, et plus de 200 blessés, selon la police – la journée la plus meurtrière depuis le 19 avril, lorsque la répression d’une manifestation antigouvernementale avait fait un mort et plus de 24 blessés. Des dizaines de bâtiments et des centaines de véhicules ont été incendiés. Le pays est secoué depuis plusieurs semaines par des manifestations quotidiennes contre le gouvernement des Rajapaksa, après des mois de pénuries marquant la plus grave crise économique depuis l’indépendance en 1948. Les autorités ont annoncé que le couvre-feu serait levé ce matin. Bureaux, magasins et écoles sont restés fermés mardi.

L’armée a exfiltré tôt mardi Mahinda Rajapaksa de sa résidence officielle, après que des milliers de manifestants en ont forcé un des portails et tenté de prendre d’assaut le bâtiment où le frère du président Gotabaya Rajapaksa s’était retranché avec sa famille.

Le président est toujours en fonction, avec des pouvoirs étendus et le commandement des forces de sécurité. Même avec un gouvernement de coalition, il pourra nommer et destituer les ministres.

Pour Akhil Bery, de l’Asia Society Policy Institute, quoi qu’il arrive, le prochain gouvernement devra prendre des «décisions impopulaires» pour redresser l’économie. Tout renflouement par le FMI signifierait «une augmentation des impôts et une diminution des dépenses publiques, ce qui est une combinaison politiquement toxique». ats

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