«Mon humanité volée»
Un activiste soudanais de 34 ans est parvenu à traverser la Manche sur un canot gonflable. Témoignage
Julie Zaugg, Londres
Temps de lecture estimé : 9 minutes
Migration » «Cela ressemble à un jouet.» C’est la première pensée qui s’impose à Suleyman* en voyant le canot gonflable qui doit le transporter, lui, sa femme et ses deux enfants, de l’autre côté de la Manche, ce jour d’octobre 2019. «Je n’ai tout simplement pas pu faire monter ma famille dans une embarcation pareille», livre le Soudanais de 34 ans. Alors il renonce, quitte à perdre l’argent déjà versé aux passeurs. A l’époque, Suleyman n’en était qu’au début d’un périple de 18 mois qui l’a mené de Khartoum à Leicester, au centre de l’Angleterre.
«Au Soudan, j’avais tout ce dont je pouvais rêver: une maison, une voiture et un travail bien rémunéré», se remémore cet ancien traducteur et analyste politique pou