La Liberté

Nouvelle exécution publique en Iran

La répression franchit un nouveau cap avec un deuxième jeune mis à mort. La contestation continue

Publié le 13.12.2022

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Iran » L’Iran a exécuté hier en public un deuxième homme condamné en lien avec les manifestations qui secouent le pays depuis près de trois mois, malgré le tollé suscité par son recours à la peine capitale contre des personnes impliquées dans ce mouvement de contestation.

Majidreza Rahnavard, âgé de 23 ans, avait été condamné à mort pour avoir tué à l’arme blanche deux membres des forces de sécurité et blessé quatre personnes, selon Mizan online, l’agence de l’Autorité judiciaire. Il a été pendu en public à Machhad, dans le nord-est de l’Iran.

Images de l’exécution

Il s’agit de la deuxième exécution liée à la contestation déclenchée par la mort de la jeune Kurde iranienne Mahsa Amini le 16 septembre, mais la première en public, après la pendaison le 8 décembre de Mohsen Shekari, 23 ans lui aussi, reconnu coupable d’avoir attaqué et blessé un paramilitaire, qui avait suscité l’indignation à l’étranger.

Mizan online a publié des images de l’exécution, visiblement prises avant l’aube, montrant un homme aux mains liées derrière le dos suspendu à une corde attachée à une grue.

La France a affirmé que ces exécutions ne pouvaient «tenir lieu de réponse aux manifestations» en cours en Iran et la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a dénoncé «une tentative flagrante d’intimider» les manifestants.

Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a annoncé hier que l’UE s’apprêtait à approuver «un ensemble de sanctions très, très dures» contre Téhéran.

Le bureau du haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme s’est dit «horrifié» par cette nouvelle exécution.

De son côté, Washington a estimé que ces peines capitales montraient que le régime de la République islamique craignait sa population.

«L’exécution publique d’un jeune manifestant, 23 jours après son arrestation, est un nouveau crime grave commis par les dirigeants de la République islamique et une escalade significative du niveau de violence contre les manifestants», a déclaré Mahmood Amiry-Moghaddam, le directeur du groupe de défense des droits humains Iran Human Rights (IHR), basé à Oslo.

«Majidreza Rahnavard a été condamné à mort sur la base d’aveux obtenus sous la contrainte, à l’issue d’une procédure grossièrement inéquitable et d’un procès-spectacle», a-t-il dénoncé. Depuis presque trois mois, l’Iran est secoué par des manifestations déclenchées par la mort de Mahsa Amini, 22 ans, décédée après son arrestation par la police des mœurs pour infraction au code vestimentaire du pays.

Depuis ses débuts en 1979, la République islamique a été régulièrement secouée par des poussées de fièvre. Mais cette crise est inédite par sa durée, sa dispersion à travers les provinces, la participation de différents groupes ethniques et classes sociales et les appels directs à la fin du régime.

Au moins 458 personnes ont été tuées dans la répression des manifestations, selon un bilan établi par IHR, et au moins 14 000 ont été arrêtées d’après l’ONU. Un général des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique du régime, a fait état de plus de 300 morts.

«Plus de haine»

Des témoignages ayant circulé avant son exécution ont décrit Majidreza Rahnavard comme un jeune homme passionné de sport et amateur de lutte, qui avait remporté des compétitions.

Le média en ligne 1500tasvir affirme que sa famille n’a été informée de l’exécution qu’après la pendaison, publiant des photos d’une dernière rencontre entre Majidreza Rahnavard et sa mère et précisant que cette dernière ignorait que son fils était sur le point d’être exécuté.

La justice iranienne affirme avoir condamné à mort au total 11 personnes en lien avec les récentes manifestations. Des défenseurs des droits humains assurent qu’une dizaine d’autres personnes risquent la peine de mort.

«Pas de procédure régulière. Des procès fictifs. C’est comme ça qu’ils veulent arrêter les manifestations à l’échelle nationale», souligne Omid Memarian, analyste de l’Iran au Democracy for the Arab World Now (DAWN).

Des militants des droits humains et des ONG ont souhaité des mesures fortes, allant jusqu’à la rupture des relations diplomatiques avec Téhéran.

ats/afp

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