La Liberté

«Je pensais qu’en tant que femme je devais faire mes preuves»

Julie Winger
Julie Winger
Audran Maugère
Audran Maugère
Morgane Riou
Morgane Riou

Estelle Rotzetter

Publié le 08.08.2022

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Dis-moi tout!

Julie Winiger

Carrossière peintre, 16 ans

«Depuis toute petite je baigne dans les voitures. Un jour, j’ai voulu avoir mon propre vélomoteur, je l’ai repeint moi-même, et c’est là que l’idée m’est venue de faire un stage dans ce domaine. Avant de commencer mon apprentissage, je ressentais un peu d’appréhension, j’avais peur d’être mise de côté, mais ça n’a pas du tout été le cas. En entreprise il n’y a aucun problème, je trouve qu’il faut surtout changer la mentalité des garçons à l’école. On dirait qu’ils n’ont pas encore compris que nous avons aussi notre place. Ils nous disent que ce n’est pas un métier pour les filles, mais franchement je passe au-dessus. Si aujourd’hui les filles sont là, c’est pour prouver qu’on veut changer ces normes et que nous sommes tout aussi capables d’effectuer ce genre de profession. En faisant ce métier j’ai compris que j’avais le droit de m’affirmer et d’être qui je suis. Ecoutez votre cœur et non ce que les autres vous disent.»

Audran Maugère

étudiant en travail social, 22 ans

«Après le CO je me suis lancé dans un apprentissage d’ébéniste, ça ne m’a pas plu du tout, alors je suis parti à l’ECG en social. En quatrième année, il faut faire un stage: c’est là que j’ai commencé à travailler avec des enfants handicapés. Pour moi, qu’il y ait plus de femmes que d’hommes n’a jamais été une question. Ça ne fait aucune différence du moment qu’on est ouvert et qu’on fait son job. Je remarque quand même que certains enfants appréhendent plus d’être avec moi, qu’ils ont plus de difficulté à travailler avec moi qu’avec d’autres collègues. On pense justement que, comme je suis un homme, le lien ne se crée pas de la même manière. Le métier en lui-même m’a beaucoup changé, je suis devenu plus ouvert, cela m’a adouci et calmé. Dans la vie, il faut faire ce que l’on aime sans se sentir jugé. Les métiers genrés sont moins d’actualité qu’auparavant. On accepte beaucoup de choses de nos jours, c’est le meilleur moment pour se lancer et changer les préjugés.»

Morgane Riou

Mécatronicienne sur poids lourds, 17 ans

«J’aimerais bien être ingénieure, c’est pourquoi j’ai commencé par faire un métier en lien avec la mécanique. Quand l’orienteur professionnel du CO a appris que je voulais devenir mécanicienne, il a un peu essayé de me dissuader en me disant que je serais la seule fille, par exemple. Chaque jour, je vis des expériences géniales et je ne regrette pas du tout de l’avoir ignoré. Je m’attendais à du sexisme et à être mise de côté, mais ça ne se passe absolument pas comme ça. De temps en temps on me fait des remarques, mais c’est comme si j’étais n’importe quel autre apprenti. Les trois premiers mois, je me mettais la pression en me disant qu’en tant que femme, il fallait que je fasse davantage mes preuves. Mais j’ai vite compris que je n’étais pas jugée différemment. Je pense qu’il faut expliquer aux enfants qu’un garçon coiffeur ou une fille mécano, c’est quelque chose de normal.»

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