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L’art à fond de train

Considérés comme du vandalisme, les graffitis ferroviaires séduisent les graffeurs pour leur mouvement et leur visibilité. Témoignage

L’art du graffiti s’étale aussi sur certains murs, comme ici à Payerne. © Samuel Bongard/Photo prétexte
L’art du graffiti s’étale aussi sur certains murs, comme ici à Payerne. © Samuel Bongard/Photo prétexte

Samuel Bongard

Publié le 25.02.2023

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Street art » «Les graffitis sont considérés comme du vandalisme par les chemins de fer fédéraux (CFF) et leur clientèle», témoigne Jean-Philippe Schmidt, porte-parole des CFF. Pour les transports publics fribourgeois (TPF) ainsi que les entreprises actives dans le domaine du transport, la politique est d’effacer le graffiti au plus vite, ce qui génère de nombreux coûts. En effet, le nettoyage des trains engendre une perturbation de trafic, car le train est retiré de la circulation, ainsi que de nombreux frais de stationnement dans un atelier spécialisé, et des coûts de nettoyage notamment dus à l’utilisation de produits chimiques puissants.

«Les graffitis sont considérés comme du vandalisme par les chemins de fer fédéraux (CFF) et leur clientèle»
Jean-Philippe Schmidt, porte-parole des CFF

Le graffiti est aussi une activité particulièrement dangereuse pour qui la pratique. «Les personnes qui ne travaillent pas dans le domaine ferroviaire ne sont guère conscientes des risques liés au passage des trains ou au danger d’arc électrique, avertit Marie-Christine Müller, responsable de la communication aux TPF. Les graffeurs encourent donc un danger de mort.» De plus, des plaintes sont systématiquement déposées, et ces incivilités passibles de lourdes amendes.

«Le train a un fort potentiel de visibilité, et le fait que le graffiti soit en mouvement ajoute du vivant.»
William

Pas de quoi refréner William*, graffeur ayant déjà utilisé le train comme support. «L’art du graffiti vient à la base des métros de New York, explique-t-il. Le train a un fort potentiel de visibilité, et le fait que le graffiti soit en mouvement ajoute du vivant.» Il y a également pour lui une notion de collection, car le train permet d’avoir des indices temporels et spatiaux, en fonction des modèles. «Il y a beaucoup de graffeurs qui font une collection de différents modèles de trains et de lieux.» Une photo d’un train graffé permet donc de montrer bien plus d’informations qu’un simple mur.

Enquêteurs très bien formés

Le graffiti sur train étant considéré comme illégal, les collectivités publiques essaient d’en limiter au maximum la pratique. Certains pays misent sur un accès compliqué, d’autres sur une enquête plus approfondie, voire les deux. «On peut citer par exemple les pays anglo-saxons, ainsi que certains pays d’Asie, où l’accès aux trains est très difficile et l’enquête très poussée. De nombreux graffeurs sont derrière les verrous dans ces pays», note William.

«Il y a par exemple un graffeur français qui a fini en prison aux Etats-Unis, après que la police a reconnu son style.»
William

Beaucoup de graffeurs sont appréhendés car les enquêteurs sont très bien formés, capables d’identifier un graffeur en fonction du style. Ils arrivent même à savoir si la personne est gauchère ou droitière rien qu’en voyant son œuvre. «Il y a par exemple un graffeur français qui a fini en prison aux Etats-Unis, après que la police a reconnu son style», note William, qui rappelle également que les policiers américains ont souvent beaucoup d’expérience dans le graffiti, qu’ils ont commencé à étudier très tôt.

*Prénom d’emprunt

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