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La question du genre abordée jusqu’au bout des ongles

Premier soir avec mes mains vernies, j’attends que ça sèche. © Leonardo Mariaca
Premier soir avec mes mains vernies, j’attends que ça sèche. © Leonardo Mariaca
Publié le 19.04.2021

Temps de lecture estimé : 2 minutes

J’ai testé pour vous!

Le vernis à ongles est un cosmétique genré féminin. Dans un contexte où la notion traditionnelle de genre est remise en question, notre rédacteur a décidé de se faire les ongles.

Le 31 mars, je me suis teint les ongles dans le cadre de la page consacrée au genre proposée par la Page Jeunes. Je suis conscient que pour beaucoup de garçons, se faire les ongles est devenu commun. C’est même la première réaction que j’ai eue lorsque j’ai abordé l’idée: un haussement de sourcil semblant demander: «Et alors?». Les mentalités sont en train de changer, les symboles que l’on vêt ne veulent plus uniquement dire masculin ou féminin, et c’est tant mieux.

Le souci, c’est que je viens d’un contexte culturel conservateur, un contexte qui définit clairement ce qu’est un homme, ce qu’est une femme et ce que chacun doit porter, dire et penser. Je me suis éloigné de cette vision du monde, mais il reste que dans ma manière de m’habiller, un loquet mental résiste: ma notion de la virilité est toxique et stupide, et c’est pour ça que j’ai décidé de me faire les ongles, bien que ce soit pour beaucoup un geste anodin. Je voulais enlever cette idée bête mais instinctive que cette action remettrait en question ma sexualité ou mon identité.

Les réactions familiales ont été étonnantes: je voyais que cela perturbait mon petit frère, mais il sentait que c’était lui qui était dans l’erreur et m’a défendu devant ma famille. Mes parents se sont moqués un peu, c’était très étrange pour eux mais ils ont finalement passé outre. J’ai surpris dans la rue quelques regards, mais bien moins que ce à quoi je m’attendais, ce qui me fait affirmer ceci: moi et énormément de gens qui ont grandi avec ces idées préconçues, faisons tout un plat pour rien. Personne ne m’a insulté, mon monde ne s’est pas effondré, j’ai même oublié que j’avais les ongles peints. J’ai presque honte de ne rien avoir à dire de plus, mais c’est positif, cela veut dire que notre identité ne s’arrête pas aux cosmétiques. Leonardo Mariaca

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