La Liberté

Le Japon, ou quand la terre tremble

Dans ce septième épisode nippon, la Page jeunes évoque les tremblements de terre du pays du soleil levant.

Photo d’Aso-jinja, le sanctuaire Shinto de la ville d’Aso, quatre jours après le tremblement de terre de Kumamoto en 2016. ©Adobe Stock
Photo d’Aso-jinja, le sanctuaire Shinto de la ville d’Aso, quatre jours après le tremblement de terre de Kumamoto en 2016. ©Adobe Stock

Lise Schaller

Publié le 30.05.2023

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Chronique Japon» Une alarme stridente s’enclenche sur tous les téléphones portables : « jishin desu, jishin desu, … », en français : « tremblement de terre ». Voici l’alerte que reçoivent les smartphones au Japon depuis 2007 juste avant qu’un fort tremblement de terre de frappe, étant équipés d’un système d’alerte sismique précoce. Chaque écolier et écolière connaît la marche à suivre en cas de séisme ou d’autres catastrophes naturelles. Entre les typhons, les tremblements de terre, les tsunamis et les volcans en activité, on peut dire que Dame Nature n’a pas vraiment gâté l’archipel nippon.

Yuka Higashine, 20 ans, étudie au département des sciences de la terre et des planètes de l’université de Kyushu au Japon. Selon elle, environ 10% des tremblements de terre au niveau mondial ont lieu au Japon. Elle en donne la cause : « la plupart des tremblements de terre se produisent aux frontières des plaques tectoniques. Comme le Japon se situe à la rencontre de plusieurs plaques, l’activité sismique est grande. » Si 1'000 à 3'000 séismes sont enregistrés chaque année au Japon, environ 10 d’entre eux sont égaux ou supérieurs à 5 sur l’échelle de Shindo. Sachant qu’ils sont si fréquents, comment réagit la population à cette menace ? Plutôt calmement d’après Yuka : « comme les petits tremblements de terre font partie du quotidien, personne n’est vraiment surpris. On se dit simplement : « Oh, non, pas encore… » Nous sommes cependant toujours prêt·e·s à faire face à un gros séisme lorsqu’il se produit. » 

Kurato Torikai, 34 ans, se trouvait dans un métro à Tokyo lorsque le tristement célèbre tremblement de terre du 11 mars 2011 a frappé. Il raconte l’arrêt du métro quelques dizaines de minutes avant le séisme, suivi d’une annonce. « Les secousses étaient fortes. Sur le moment, je me suis dit que si le tunnel s’effondrait ou qu’un incendie se produisait, j’allais certainement mourir. » Chose frappante, les passagers·ères sont resté·e·s calmes malgré les secousses qui ne cessaient pas. « Tout le monde est resté silencieux, décrit-il. Devant moi, un vieil homme lisait un livre. Je me suis souvenu que j’avais aussi un livre dans mon sac et l’ai sorti. Il pensait peut-être comme moi : « comment voudrais-je être retrouvé mort ? » Je me suis alors dit que ce n'était pas le moment de lire et que je préférais paniquer. » Plus tard, le métro déposa les passagers·ères indemnes à la gare d’Higashi Ikebukuro. Kurato dit s’en rappeler parfaitement, bien que la catastrophe ait eu lieu il y a maintenant 12 ans.

Parfois, les puissants séismes produisent des catastrophes pires encore, comme le tsunami et la catastrophe nucléaire de Fukushima qui ont suivi le tremblement de terre du 11 mars 2011. « Quand je suis sorti de chez moi le 12 mars, j’ai vu la télévision allumée de la devanture d’un magasin. On y montrait un énorme tsunami. J’ai d’abord cru voir un film ou une publicité avant de me rendre compte que c’était réellement arrivé. », se souvient Kurato. Après s’être informé du taux élevé de radioactivité plus élevé que la normale à Tokyo, il décide de se rendre chez sa famille à l’ouest du pays.

D’après Yuka, la catastrophe aurait encouragé la prise de nouvelles mesures : « Le tsunami a causé de nombreux dégâts. Des directives ont donc été établies sur la manière d'évacuer en cas de tsunami. Les centrales nucléaires situées dans des zones sujettes aux tremblements de terre ont été fermées. » Depuis longtemps déjà, au Japon, les bâtiments doivent répondre aux normes antisismiques définies par la loi sur les normes de construction. Le Japon a intérêt à être prêt pour les futurs séismes : « on prévoit un gros tremblement de terre provoqué par la fosse de Nankai d'ici 30 ans avec une probabilité de 70 à 80 %, informe Yuka. Des améliorations au niveau de la sécurité sont toujours en cours, comme la précision du système permettant de prévoir l'étendue des dégâts. »

D’ici-là, les plus curieux·ses d’entre vous voudront peut-être être tenu·e·s au courant des dernières secousses ayant sévi au Japon. Vous trouverez votre bonheur – ou malheur – sur la banque de données Shindo.
 

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