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Pourquoi philosopher?

La philosophie est enseignée dans le canton comme branche fondamentale pour la matu, mais pas systématiquement au niveau fédéral. Enjeux et avis

A Fribourg, la philosophie est une branche obligatoire, contrairement à Berne ou Zurich, par exemple. © Rémi Alt
A Fribourg, la philosophie est une branche obligatoire, contrairement à Berne ou Zurich, par exemple. © Rémi Alt

Rémi Alt

Publié le 04.02.2023

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Etudes » «La philosophie m’apporte des réponses trop abstraites par rapport à d’autres branches scientifiques, qui me conviennent mieux.» Ainsi se résume le point de vue d’Amélie Frossard, une étudiante de troisième année du Collège Saint-Michel. Pour autant, la Fribourgeoise de 18 ans ne voudrait pas voir cette branche disparaître du programme. «Même si ce n’est pas ce que je préfère, je pense qu’au moins deux heures de philo par semaine, c’est essentiel pour développer notre pensée critique», appuie-t-elle.

Aujourd’hui, la matière est enseignée trois heures par semaine, laissant à disposition une heure vacante qu’Amélie Frossard convertirait volontiers par exemple en introduction aux sciences politiques, «pour être plus informée sur ce sujet-là».
 

«La philo, c’est essentiel pour développer notre pensée critique» 
Amélie Frossard


Depuis 2007, les cantons peuvent offrir la philosophie comme discipline fondamentale supplémentaire. Pour des raisons de budget et de charge de travail, cette configuration n’a pas été acceptée au niveau national. Un argumentaire mauvais, d’après Emmanuel Mejia, professeur de philosophie au Collège Saint-Michel et maître en didactique de la philosophie à l’Université de Fribourg. «La maturité a deux objectifs généraux. Le premier est de développer une maturité sociale chez l’élève et le second de le préparer à des études tertiaires. Or, ce sont les deux finalités de l’éducation selon la philosophie!»

Transdisciplinaire

Le professeur fribourgeois insiste également sur l’effet structurant du domaine. «L’offre actuelle voile l’unité des études, par la juxtaposition d’une trop grande diversité de branches.» La philosophie étant transdisciplinaire, elle permettrait de donner une cohérence à ces domaines. Enfin, le gymnase doit intégrer des domaines novateurs, et tous peuvent être traités par la philosophie et d’autres disciplines déjà enseignées.

L’été dernier, différents professeurs de collège ont envoyé une lettre à la conseillère d’Etat Sylvie Bonvin-Sansonnens, qui leur a donné des garanties publiques. «Avec la réforme matu 2023, on s’est dit que c’était l’occasion d’établir une bonne fois pour toutes la philosophie comme discipline fondamentale fédérale, mais ce n’est de loin pas encore gagné», soupire Emmanuel Mejia.

Pas sans défauts

Toujours est-il que la branche elle-même ne convainc pas forcément les premiers concernés: les élèves. «J’ai détesté le programme de philosophie au collège», lance Camille Torche, étudiante en bachelor à l’Unifr. Pourtant, la Fribourgeoise de 23 ans suit actuellement le cursus de philosophie sur les bancs de Miséricorde. Il serait pour elle essentiel d’apprendre à mobiliser des outils philosophiques afin de traiter des sujets d’actualité. «On a fait beaucoup d’histoire des idées sans vraiment tirer de liens, déplore-t-elle. Mais je pense que c’est malgré tout important d’éduquer les gens à la philosophie, de comprendre ce que c’est de la pratiquer.»

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