Choisir un métier, abandonner ses études, en recommencer de nouvelles, partir de chez ses parents, rompre, rester ensemble, avorter ou le garder. Quelles que soient les grandes décisions que tu as un jour dû prendre, as-tu déjà réfléchis aux processus psychiques qui t’avaient amené à telle ou telle conclusion ? T’es-tu interrogé sur les mécanismes sociaux et culturels qui sous-tendent tes choix les plus banals, comme les plus existentiels ? Et t’es-tu quelques fois demandé comment prendre la bonne décision ?

Ce sont ces quelques interrogations qui, parmi d’autres, sont à l’origine du livre Je choisis, donc je suis, écrit par Sophie Guignard et paru au printemps 2021. Dans cet ouvrage, cette femme aux multiples casquettes explore le concept de choix sous tous ses angles. Des neurosciences à la philosophie, passant par la sociologie, la psychologie ou encore la littérature, elle vulgarise les apports scientifiques de ces différentes disciplines afin de comprendre comment nous, humains, procédons pour prendre des décisions, et particulièrement de « grandes décisions ».
Au fur et à mesure des pages, elle nous apprend que le fantasme de pouvoir prendre des décisions de manière libre et rationnelle relèverait finalement de l’impossible, tant l’univers du choix est vaste et complexe. Elle explique que des recherches en neurosciences ont par exemple montré que la prise de décision était engluée dans une série de biais cognitifs altérant notre perception du monde, tandis que des études en psychologie ont souligné à quel point l’histoire familiale avait des effets sur qui nous sommes et ceux que nous cherchons à devenir. Tantôt reflets des attentes parentales, tantôt rebelles et purement opposés, nous conduisons nos vies en dialogue avec tout ce qui nous a fait, de manière à ce que cet héritage passé oriente fortement notre futur. De plus, le fait que nous soyons des êtres biologiquement programmés pour survivre et se reproduire plutôt que pour être heureux ne faciliterait pas la prise de décision libre et rationnelle en vue de notre bonheur. Toujours selon des études en neurosciences, notre capacité à savoir ce que nous voudrons dans le futur serait très limitée, notamment du fait que nous et nos désirs changent constamment.

La compréhension de ces multiples influences neurologiques, sociales et historiques sur nos comportements au moment de prendre des décisions est aussi fascinante que vertigineuse. En effet, si ces nombreuses théories scientifiques nous permettent de mieux comprendre la manière dont différents mécanismes entrent en ligne de compte lorsque nous choisissons, elles ne nous donnent cependant pas de réponse toute faite sur la manière de bien faire ces choix. 

Mais si cette lecture montre la difficulté de prendre des décisions libres et rationnelles, elle nous donne toutefois de l’espoir en la capacité transformatrice de nos choix. En ce sens, elle constitue un bel hymne à la liberté.