La Liberté

De l’ovalie au canal de glace

Ancien joueur de rugby, l’Anglais Brad Hall joue les premiers rôles en bobsleigh

Marcel Hauck

Publié le 03.02.2023

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Bobsleigh » Brad Hall compte bien jouer les trouble-fête ce week-end à Saint-Moritz lors de l’épreuve de bob à quatre des championnats du monde. Ancien rugbyman, l’Anglais veut renouer avec une tradition presque oubliée. Premier Britannique sacré champion d’Europe, il y a dix jours à Altenberg, Brad Hall peut écrire une nouvelle page d’histoire dimanche. Il ne serait certes pas le premier Anglais à devenir champion du monde, mais le dernier sacre remonte à 1965 à… Saint-Moritz.

Anthony Nash – qui est décédé au printemps dernier – et son pousseur Robin Nixon avaient alors conquis le titre mondial un an après leur sacre olympique à Innsbruck, en tant que membres du Saint-Moritz Bobsleigh Club qui plus est. Désormais, le cinquième virage de la piste grisonne porte d’ailleurs le nom de Nash-Dixon. «Je connais un peu l’histoire», dit Brad Hall en riant. «Mais pas tant que ça». En Angleterre, on ne grandit évidemment pas avec le même rapport au bobsleigh qu’en Suisse alémanique. «Et puis, nous avons inventé de nombreux sports sans être bons dans tous…»

Un coup à jouer

Originaire de Crawley, au sud de Londres, Brad Hall pourrait presque passer pour l’autre frère du prince Harry. Avec son teint pâle, sa tignasse blond roux et son attitude polie, il est le prototype même de l’Anglais. Ce qui ne colle pas, c’est le décor hivernal de l’aire d’arrivée de Celerina et son canal de glace. Après les retraites du Canadien Justin Kripps et de l’Autrichien Benjamin Maier ainsi que la longue convalescence du Letton Oskars Kibermanis, Brad Hall a pourtant su se faire une place au sommet dans un sport traditionnellement dominé par les Allemands et les Suisses.

Ses progrès cette saison sont frappants. En six courses de Coupe du monde, l’Anglais a gagné trois fois, a terminé deux fois deuxième et une fois quatrième en bob à quatre. Et à Altenberg, il est devenu le premier Britannique à être sacré champion d’Europe, en compagnie d’Arran Gulliver, Taylor Lawrence et Greg Cackett. Rien d’étonnant donc à ce que Hall n’ait qu’un seul objectif samedi et dimanche: une médaille. Cette montée en puissance a une raison très simple: l’argent. «Les trois années précédentes, j’avais dû tout financer et organiser moi-même, y compris les entraînements, les voyages et l’hébergement», raconte-t-il à Keystone-ATS.

Pas une mince affaire

L’ancien joueur de rugby et décathlonien a ainsi dû se débrouiller pour trouver quelque 500 000 livres sterling, ce qui n’est pas une mince affaire. Mais sa sixième place aux JO de Pékin 2022 a changé la donne: le soutien de l’association faîtière UK Sport est passé de 120 000 à 1,9 million de livres par an pour le bob. Brad Hall, qui peut désormais compter sur les services d’un entraîneur (Craig Richardson), se fixe forcément des objectifs plus élevés. «Champion olympique», dit-il sans fausse modestie. Sur le plan athlétique, les Britanniques font partie des plus forts, ce qui s’explique aussi par la procédure de sélection.

«Nous n’avons en effet pas de canaux de glace. Pour le bobsleigh, la plupart viennent d’autres sports, sur la base d’une évaluation du talent, quand ils cherchent quelque chose de nouveau», souligne l’Anglais de 32 ans, revanchard après avoir dû se contenter d’une cinquième place en bob à deux dans ces mondiaux.

ats

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