La Liberté

Entre briques et escaliers en fer

A Bologne, le football se vit au Stadio Renato Dall’Ara, enceinte construite au milieu des immeubles

Entre briques et escaliers en fer
Entre briques et escaliers en fer

Patrick Biolley, de retour de Bologne

Publié le 07.09.2022

Temps de lecture estimé : 5 minutes

Football» Le FC Bologne vit dans l’ombre des grands du football italien. Dans les quotidiens sportifs nationaux, il est relégué aux confins des quarante pages dédiées au ballon rond quotidiennement. Mais le club dans lequel évolue le Fribourgeois Michel Aebischer est également en concurrence au sein de sa propre ville. Le basket est en effet aussi très populaire grâce au Virtus Bologna qui fêtera cet automne son retour en Euroligue après son retrait en 2008. «Mais le football reste au-dessus», assure Selena, gérante du magasin de l’équipementier des deux formations. Pourtant davantage amatrice de la balle orange, elle admet se rendre à l’occasion au Stadio Renato Dall’Ara, nom du centre névralgique du calcio dans la capitale d’Emilie-Romagne.

Une enceinte que l’on rejoint le soir même pour la rencontre face à Salernitana. Match du bas de classement, un jeudi soir, qui ne devrait pas faire le plein. «S’il y a 15 000 spectateurs, ce sera déjà bien», sourit Valentino, 57 ans, «dont 50 passés au stade», rencontré dans le bus qui mène au stade. Deux heures avant le début, le bal des dépanneuses précède celui des supporters. «A chaque fois, c’est comme ça. Si ces abrutis savaient lire et qu’ils prenaient les transports, ils n’auraient pas à aller chercher leurs voitures à la fourrière», se marre Valentino. Car oui, la noble enceinte est placée entre les quartiers de Saragozza et Barca, au milieu des immeubles, et les fines ruelles doivent être laissées libres les soirs de match.

Le Fribourgeois Michel Aebischer joue au Stadio Renato Dall’Ara à Bologne depuis janvier. © Keystone

Une tour de 42 mètres

Sur un des murs longeant le stade: deux flèches. La première pointe en direction de la curva nord légendée: per vivere il calcio (pour vivre le football). La seconde vers la tribune principale qui dit: per vedere il calcio (pour voir du football). Le ton est donné et, malgré l’horaire défavorable de la rencontre, les deux endroits feront le plein. Tout comme le secteur réservé aux supporters adverses d’ailleurs. Ceci malgré les 600 kilomètres séparant les deux villes.

«Oui, il y a une histoire dans ces murs, mais cela devient de moins en moins pratique.»
Veronica, une supportrice

Bien loin du nouveau stade de la Juventus ou de la future arène du Milan AC et de l’Inter, le «Dall’Ara», comme on le surnomme, est encore dans son jus. Construit en 1927 puis rénové sommairement pour la Coupe du monde italienne de 1990, il garde des stigmates de toutes les époques. Ce qui le différencie des constructions actuelles est sa Torre di Maratona en plein centre de la tribune opposée. Haute de 42 mètres, elle surplombe tout le stade. «Il serait temps qu’on en ait un nouveau», souffle Veronica, supportrice habillée de rouge et bleu de la tête aux pieds et intriguée par notre extase face à l’édifice. «Oui, il y a une histoire dans ces murs, mais cela devient de moins en moins pratique.»

Panini et piadine

L’Italienne pointe le dédale d’escaliers qui mène aux différentes tribunes et à la différence marquée entre les briques romagnoles typiques et la ferraille qui, petit à petit, subit les affres de la rouille. Tel est l’écrin qu’a aussi découvert Michel Aebischer lors de son arrivée en janvier dernier et où il a fait ses premiers pas en Serie A. C’était le 6 février contre Empoli. «C’est grandiose, assure le Fribourgeois. Pour l’instant, je suis encore juste content de découvrir autre chose que les stades suisses que je connaissais par cœur.»

Même si elle est ouverte aux trois quarts, l’arène résonne déjà bien avant l’entrée des joueurs. Un public qui, ce soir-là, finira par siffler ses protégés, contraints au nul par une faible Salernitana. La venue de l’équipe de Campanie devait normalement être synonyme d’une première victoire cette saison.

«Je suis content de découvrir autre chose que les stades suisses que je connaissais par cœur.»
Michel Aebischer

Pour un premier trophée depuis la Coupe nationale en 1974, il faudra certainement attendre encore un peu. Ou alors se tourner vers le basket. «Bologne est une ville à part parmi les cités de taille moyenne, car son offre sportive est riche, souligne Federico Frassinella, chef de la communication du FC Bologne. Les habitants vont autant voir du football que du basket alors qu’ailleurs, il n’y a que le calcio. Le baseball et le football américain sont étonnamment aussi très populaires.» Mais par contre, ici, même si les traditionnelles saucisses sont de la partie, il faut plutôt se tourner vers les panini et les piadine, bien plus prisés des supporters. Au fait, ils étaient près de 20 000, sur les 36 400 places disponibles, en ce jeudi soir au «Dall’Ara». Comme quoi, en attendant que le basket reprenne dans un mois, le football vit bien à Bologne.

Articles les plus lus
Dans la même rubrique
La Liberté - Bd de Pérolles 42 / 1700 Fribourg
Tél: +41 26 426 44 11