La Liberté

La police sur la sellette

Après le drame qui a fait 131 morts en Indonésie, la gestion de la sécurité interpelle

Publié le 05.10.2022

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Football » La police indonésienne était sur la sellette hier, accusée par des supporters d’avoir aggravé un mouvement de foule qui a fait 131 morts dans un stade ce week-end, l’un des pires drames de l’histoire du football. Face à la colère du public, des sanctions sont tombées contre les policiers jugés responsables de la bousculade meurtrière après un match dans le stade de football de Malang (est de Java), quand la police a commencé à envoyer de grandes quantité de gaz lacrymogène pour maîtriser la foule, selon des témoins.

Le chef de la police régionale Nico Afinta a présenté ses excuses. «Je suis préoccupé, attristé et en même temps désolé pour les manquements au sein du dispositif de sécurité», a-t-il déclaré. Le bilan des victimes s’est également alourdi hier à 131 morts, six nouvelles victimes ayant succombé à leurs blessures selon le responsable de l’agence sanitaire locale, Wiyanto Wijoyo. Samedi soir, les tribunes du stade Kanjuruhan à Malang étaient pleines de milliers de jeunes «Aremania», des supporters venus voir leur équipe de l’Arema FC affronter celle de la ville voisine de Persebaya Surabaya.

A coups de matraque

Mais après une défaite des leurs 3 à 2, la première depuis des décennies, des fans sont descendus sur le terrain pour interpeller joueurs et dirigeants. La police a décrit la situation comme une «émeute». Mais les supporters ont accusé les forces de l’ordre d’avoir réagi de façon disproportionnée. La police a tenté de contrôler la foule sur le terrain par la force, à coups de matraque, selon des témoins et des images vidéo, mais cela a encouragé plus de supporters à venir prêter main-forte à ceux déjà sur la pelouse.

«S’il y avait des émeutes, le gaz lacrymogène aurait dû être dirigé vers le terrain, pas vers les tribunes», a jugé Danny Agung Prasetyo, coordinateur des supporters de l’Arema FC. Les supporters du club local ont créé lundi à Malang un centre destiné à recueillir des plaintes, et annoncé qu’ils comptaient poursuivre les policiers jugés responsables d’avoir visé de façon aléatoire le public bloqué dans les tribunes. Le chef de la police de la ville a été limogé lundi et neuf policiers suspendus, tandis que 19 policiers étaient interrogés au sujet de la catastrophe dans le stade, où seuls se trouvaient des fans de l’Arema FC, a expliqué lundi le directeur de la police nationale, Dedi Prasetyo.

Méthodes agressives

Les agents suspendus appartenaient à la Brigade mobile (Brimob), une unité paramilitaire de la police connue pour ses méthodes agressives de gestion des foules, a-t-il précisé. Les services de renseignements de la police indonésienne avaient alerté le comité organisateur de potentiels conflits lors du match, a révélé hier la Commission nationale de la police indonésienne dans son évaluation initiale. L’usage du gaz lacrymogène n’était par ailleurs pas prévu dans le dispositif.

La fédération indonésienne de football a de son côté exclu à vie hier deux responsables du club local Arema FC et lui a infligé une amende de 250 millions de roupies indonésiennes (environ 16 300 francs). Le gouvernement a suspendu tous les matches de la première ligue nationale et lancé une enquête sur le drame. Elle pourrait durer deux à trois semaines. Mais les appels à une enquête indépendante se sont multipliés alors qu’émergeaient les détails de la sanglante soirée de samedi à dimanche. ats

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