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Les règles font aussi partie du jeu

Les joueuses de l’équipe de Suisse ajustent leurs entraînements en fonction de leur cycle menstruel

Simone Fey, Dunedin

Publié le 25.07.2023

Temps de lecture estimé : 5 minutes

Mondial féminin » Meriame Terchoun a commencé à avoir ses règles avant le match de Coupe du monde de vendredi face aux Philippines. C’était pénible, a-t-elle décrit deux jours plus tard devant les médias à Dunedin, en Nouvelle-Zélande. Selon elle, il est particulièrement important de maîtriser les symptômes lors d’un tel match. C’était son cas.

Les joueuses de l’équipe nationale, qui affrontent la Norvège ce matin à 10 h, intègrent le cycle menstruel dans leur planning d’entraînement depuis près d’un an. «Je ne prends pas de contraceptif et je ressens donc le cycle plus intensément», explique encore Meriame Terchoun, qui souffrait à chaque fois de migraine avant ses règles. Elle a commencé à s’intéresser au cycle et aux ajustements qu’il nécessite après sa troisième blessure aux ligaments croisés.

Lien de cause à effet

La joueuse de Dijon a été soutenue par Mélanie Pauli, responsable de la formation athlétique et de la prévention des blessures au sein de l’ASF pour le secteur féminin. Elle a notamment conseillé à Terchoun de boire moins de café ou de manger des noix pendant la période prémenstruelle. Les anti-inflammatoires naturels ont fait leur effet. «Depuis, je suis en bonne santé, en forme et rarement blessée», déclare l’attaquante.

Lorsque Mélanie Pauli a commencé son travail à l’ASF, elle a rapidement été confrontée à des blessures au ligament croisé. Une blessure typique. Le cycle s’est vite imposé comme le principal «coupable.» Beaucoup de choses ont alors pris sens, souligne Mélanie Pauli, qui a elle-même pratiqué un sport de haut niveau. «Mais jamais je n’aurais fait le lien entre mon cycle et mes performances ou mes blessures», confesse-t-elle.

En septembre 2022, Mélanie Pauli a commencé à enregistrer systématiquement le cycle et les symptômes – positifs ou négatifs – au sein de l’équipe A. En se basant sur des données individuelles et des preuves scientifiques, elle a créé une stratégie pour «réduire les blessures», comme elle le dit. Pour elle, le terme de prévention n’est pas approprié. «Il y aura toujours des blessures», souligne-t-elle.

Mélanie Pauli parle également d’un entraînement «orienté vers le cycle». Selon elle, une préparation entièrement «guidée» n’est possible que pour les sportives individuelles – et non pour une équipe. Le flux hormonal constitue la base. «Le cycle est un outil de surveillance naturel, un appareil de navigation. Avec les hormones comme guide, les joueuses font attention à trois choses: alimentation, régénération et activation». explique-t-elle.

Le cycle se divise en quatre phases. La première phase correspond au début des menstruations. Après les règles commence la 2e. Entre celle-ci et la phase 3 a lieu l’ovulation. C’est pendant cette période que le corps est le plus performant. «Nous sommes alors toutes en pleine forme», sourit Meriame Terchoun. La quatrième phase est la période prémenstruelle. Dans les jours qui la précèdent et pendant les règles, Meriame Terchoun s’entraîne «plus légèrement», souligne celle qui renonce parfois à une séance en salle de musculation. «Tu peux être performante dans n’importe quelle phase», souligne pour sa part Mélanie Pauli, «à condition de savoir dans quelle phase on se trouve.»

Un tabou

Le cycle est suivi grâce à une application. Le staff est également informé. Dans son club de Dijon, Meriame Terchoun a également insisté sur une plus grande prise en compte de l’équilibre hormonal. «Le staff est entièrement composé d’hommes. Il faut donc plus d’échanges, d’explications et de compréhension», lance-t-elle, consciente que le «tabou doit disparaître.» ATS


La Suisse peut se qualifier dès ce matin pour les 8es de finale

L’équipe de Suisse peut composter son ticket pour les 8es de finale de la Coupe du monde féminine. La sélection d’Inka Grings se frotte à une Norvège revancharde ce matin à 10 h. Si Lia Wälti et ses équipières peuvent se montrer sereines après avoir dominé les Philippines 2-0 vendredi, Ada Hegerberg et ses partenaires sont, quant à elles, d’ores et déjà en mission commando, après avoir subi la loi de l’hôte néo-zélandais dans le match d’ouverture jeudi (1-0).

La victoire de la Suisse est la première d’Inka Grings depuis son entrée en fonction en début d’année. Un succès qui place les Helvètes dans une position favorable. Plus à l’aise lorsqu’il s’agit d’évoluer en contre, elles n’auront pas à faire le jeu face à une équipe de Norvège dont la défense n’offre pas toutes les garanties.

En effet, la formation d’Hege Riise a encaissé dix buts lors de ses cinq derniers matches officiels. Cette équipe a néanmoins un fort potentiel offensif, emmenée par la meilleure buteuse de l’histoire de la Ligue des champions Ada Hegerberg. Inka Grings s’attend d’ailleurs à souffrir face à une équipe qui vise ouvertement la 1re place de cette poule A. «C’est leur dernière chance», souligne la technicienne allemande, qui ne veut pas que la pression des adversaires devienne celle de ses joueuses. Elle ajoute: «Nous sommes en forme et très motivées.» ATS

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