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Le harcèlement plus fréquent

Les filles sont à l’avant-garde sur les réseaux sociaux. Avec les risques que ça implique

Sur internet, les filles sont bien plus souvent victimes de harcèlement sexuel que les garçons. © Keystone-archives
Sur internet, les filles sont bien plus souvent victimes de harcèlement sexuel que les garçons. © Keystone-archives

Fabien Gysel

Publié le 25.11.2022

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Adolescents » Les filles sont à l’avant-garde dans l’utilisation des réseaux sociaux parmi les ados. Les garçons consacrent davantage de temps aux jeux vidéo, pas si gratuits que ça. En outre, le harcèlement sexuel en ligne touche de plus en plus de jeunes, selon l’étude JAMES 2022.

Comme tous les deux ans, la Haute Ecole zurichoise des sciences appliquées (ZHAW) a interrogé un millier de jeunes de 12 à 19 ans concernant leur rapport aux médias, sur mandat de Swisscom. Il en ressort notamment que les filles s’approprient les médias sociaux plus tôt que les garçons.

Elles utilisent beaucoup plus TikTok et Pinterest. Tel était déjà le cas avec Instagram en 2014, écrit la ZHAW. «Si cette tendance se confirme, l’usage des réseaux sociaux par les filles pourra demain servir d’indicateur pour l’ensemble des jeunes», commente Gregor Waller, chercheur et coresponsable de l’étude.

Facebook, c’est fini

Actuellement, Instagram (81%) et Snapchat (76%) restent les réseaux sociaux les plus utilisés, à un niveau stable depuis plusieurs années. TikTok enregistre une hausse fulgurante: 67% des jeunes utilisent régulièrement la plateforme, contre 8% en 2018. En revanche, les ados ont pratiquement disparu de Facebook: seuls 5% l’utilisent encore chaque jour ou plusieurs fois par semaine. En 2014, ils étaient 79% dans ce cas.

Les réseaux sociaux leur servent le plus souvent à regarder les posts d’autres personnes et à les «liker» ou à écrire des messages personnels par chat. Les jeunes publient beaucoup moins souvent des posts, et lorsqu’ils le font, il s’agit plutôt de stories ou de snaps éphémères. Par ailleurs, 97% d’entre eux communiquent sur WhatsApp.

Harcèlement en hausse

Parallèlement, les insultes sur internet ont augmenté ces dernières années. Le harcèlement sexuel en ligne et le cyberharcèlement continuent également de croître: près d’un jeune sur deux a déjà été au moins une fois harcelé sexuellement en ligne, contre 19% en 2014.

Les filles sont bien plus souvent victimes du phénomène que les garçons (60% contre 33%). La moitié des adolescentes harcelées ont été incitées par un inconnu à envoyer des photos érotiques.

Rôle des parents

Pour les chercheurs de la ZHAW, il est urgent d’agir, car ces outrances ont lieu dans une phase sensible du développement personnel et sexuel. Il faut donc continuer à proposer un panel complet de mesures pédagogiques sur les médias et des offres pour apprendre à se défendre sur la toile.

Les parents doivent, eux aussi, s’intéresser davantage au problème et assumer leur devoir de diligence en accompagnant leurs enfants sur internet, estime Michael In Albon, chargé de la protection de la jeunesse face aux médias chez l’opérateur Swisscom.

De manière générale, les jeunes sont de plus en plus négligents en matière de protection de la vie privée sur internet: s’ils étaient 84% à indiquer avoir activé les paramètres correspondants sur les réseaux sociaux il y a dix ans, ils ne sont plus que 60% aujourd’hui. Les ados sont, certes, devenus plus discrets sur les informations qu’ils publient sur eux-mêmes, mais leur crainte de voir des données personnelles fuiter en ligne a encore diminué.

Jeux gratuits

Si le harcèlement sexuel concerne davantage les filles, les garçons doivent, eux, se méfier particulièrement des jeux vidéo gratuits en ligne, auxquels 60% des ados jouent, surtout les plus jeunes. Soit la publicité y est omniprésente, soit les données des jeunes y sont exploitées, met en garde la chercheuse Lilian Suter.

Il arrive même souvent de devoir effectuer des achats en cours de jeu pour pouvoir avancer. Le nombre de jeunes effectuant régulièrement des achats en cours de jeu a plus que doublé en deux ans, passant de 3% à 8%. Dans l’ensemble, 79% des jeunes jouent au moins de temps en temps aux jeux vidéo, les garçons (93%) bien plus que les filles (65%). La part de ces dernières a toutefois augmenté.

Selon l’étude, 70% des ados passent régulièrement du temps avec leurs amis. Leur entourage s’est toutefois réduit ces dernières années, mais la qualité des relations a augmenté. La variété de leurs activités a également progressé. ATS

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