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Accusé de viol, Tariq Ramadan clame son innocence

Celle que la presse surnomme "Brigitte" et qui accuse Tariq Ramadan de l'avoir violée est arrivée lundi au Palais de justice de Genève, portant des lunettes fumées, entourée de ses avocats. © KEYSTONE/Valentin Flauraud
Celle que la presse surnomme "Brigitte" et qui accuse Tariq Ramadan de l'avoir violée est arrivée lundi au Palais de justice de Genève, portant des lunettes fumées, entourée de ses avocats. © KEYSTONE/Valentin Flauraud
Acccusé de viol, Tariq Ramadan a de nouveau dû s'expliquer devant les juges genevois. © KEYSTONE/Valentin Flauraud
Acccusé de viol, Tariq Ramadan a de nouveau dû s'expliquer devant les juges genevois. © KEYSTONE/Valentin Flauraud


Publié le 27.05.2024


Le procès en appel de Tariq Ramadan s'est ouvert lundi à Genève. L'islamologue est accusé de viol et de contrainte sexuelle par une femme âgée aujourd'hui de 58 ans. Acquitté en première instance, l'intellectuel genevois a de nouveau clamé son innocence.

"Je suis absolument innocent de tout ce qui est dit et de tout ce qu'on affirme que j'ai pu faire", a déclaré Tariq Ramadan devant la Chambre pénale d'appel et de révision. L'islamologue a répété qu'il n'a jamais eu de relations sexuelles avec la plaignante une nuit d'octobre 2008, dans la chambre d'un hôtel genevois.

Il a expliqué avoir été abordé par la plaignante sur les réseaux sociaux. La femme se montrait "extrêmement entreprenante". Finalement, piqué par la curiosité, et mu par la volonté de savoir à qui il avait affaire, il lui a proposé de prendre un café entre deux avions.

D'emblée, Tariq Ramadan dit avoir douté de la véracité des propos tenus par cette femme qu'il ne connaissait pas. Dans la chambre d'hôtel, la situation a mal tourné, selon les dires de l'accusé. Ce dernier a raconté s'être retrouvé avec des extensions de cheveux dans ses mains et avoir vu du sang sur les habits de la plaignante.

"J'ai eu de la répulsion et l'impression d'avoir été piégé", a-t-il déclaré. Il a avoué avoir été grossier avec elle, mais, se sentant coupable de l'avoir blessée, il l'a autorisée à rester dans la chambre pour dormir, car il était trop tard pour qu'elle rentre chez elle.

Une vengeance

Tariq Ramadan a ensuite indiqué que cette femme s'est répandue sur les réseaux sociaux en affirmant de manière mensongère qu'il s'était passé quelque chose entre eux. Selon lui, la plaignante, humiliée d'avoir été éconduite, a voulu se venger, se liguant contre lui avec d'autres femmes pour "le faire tomber".

Interrogée par la Cour, la plaignante a donné une tout autre version de l'histoire. Elle a affirmé avoir bien été violentée et abusée dans cette chambre d'hôtel. L'acquittement en première instance de l'islamologue a été un choc pour elle. "J'ai dénoncé un viol et je m'étonne de n'avoir pas été reconnue en tant que victime".

Un rouleau compresseur

"On subit l'horreur et on cherche à se reconstruire. Quand on voit qu'on n'y arrive pas, on saisit la justice et c'est le rouleau compresseur", a déclaré celle que les médias surnomment "Brigitte". Quand le président de la Cour lui a demandé d'estimer son tort moral, la plaignante a balbutié et a fondu en larmes.

Lundi matin, la plaignante a été interrogée par la Cour sur certains détails du dossier, notamment concernant des messages qu'elle aurait postés sur les réseaux sociaux à propos de Tariq Ramadan et sur un blog qu'elle aurait géré, intitulé "va, cours, vole et nous venge", en référence à un vers du Cid de Corneille.

L'accusatrice a admis avoir écrit "compulsivement" à Tariq Ramadan pendant une période. "On m'a raillée et dit que j'étais une fofolle." La plaignante a toutefois déclaré n'avoir plus eu d'échanges avec l'islamologue à partir de février 2009, à l'exception d'un courriel en 2010.

Tariq Ramadan, de son côté, a rappelé que la plaignante lui avait envoyé des messages très suggestifs avant leur rencontre, avec des "je t'aime" et autres déclarations enflammées. Et que les messages qu'il a reçus de cette femme après leur rendez-vous étaient "exactement de la même teneur".

Tariq Ramadan, 60 ans, est atteint de sclérose en plaques. La maladie a été diagnostiquée en 2014.

Quatre femmes accusent également Tariq Ramadan de viol en France entre 2009 et 2016. Il n'a pas encore été jugé. A ce stade, l'avocat général a demandé que ne soit retenu qu'un seul viol aggravé, avec violences.

Le procès en appel se poursuit mardi avec l'audition de témoins.

ats

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