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La Russie menace l'Otan d'une "confrontation directe"

L'Ukraine attaque régulièrement à l'aide de drones des sites énergétiques russes (archives). © KEYSTONE/AP Sevastopol mayor Mikhail Razvozhaev telegram channel
L'Ukraine attaque régulièrement à l'aide de drones des sites énergétiques russes (archives). © KEYSTONE/AP Sevastopol mayor Mikhail Razvozhaev telegram channel
L'Ukraine attaque régulièrement à l'aide de drones des sites énergétiques russes (archives). © KEYSTONE/AP Sevastopol mayor Mikhail Razvozhaev telegram channel
L'Ukraine attaque régulièrement à l'aide de drones des sites énergétiques russes (archives). © KEYSTONE/AP Sevastopol mayor Mikhail Razvozhaev telegram channel


Publié le 28.06.2024


La Russie a menacé vendredi les Occidentaux de "confrontation directe", à cause de "l'intensification" des vols de drones militaires américains en mer Noire, au large de l'Ukraine, quelques jours après de premières menaces à la suite d'une frappe en Crimée annexée.

Moscou considère que l'aide fournie à Kiev en matière d'armements, de collecte de renseignement et d'identification de cibles en territoire russe a fait des Etats-Unis et de leurs alliés des parties au conflit en Ukraine, que le Kremlin a exacerbé en février 2022 en lançant ses forces à l'assaut de sa voisine.

Les vols de drones américains en mer Noire "multiplient la probabilité d'incidents dans l'espace aérien avec les avions des forces aérospatiales russes, ce qui augmente le risque d'une confrontation directe entre l'Alliance (atlantique) et la Fédération de Russie", a dénoncé le ministère russe de la Défense dans un communiqué.

"Les pays de l'Otan en seraient responsables", a-t-il mis en garde, ajoutant que le ministre de la Défense, Andreï Belooussov, avait ordonné à l'état-major "de prendre des mesures pour répondre rapidement aux provocations".

Car, selon le ministère russe, les drones américains servent "à la reconnaissance et la désignation des cibles pour les armements de précision fournis aux forces armées ukrainiennes" par les Occidentaux.

Après avoir longtemps refusé, de crainte de provoquer une escalade, Américains et Européens ont commencé à autoriser ces dernières semaines, sous conditions, des frappes avec des armements de précision occidentaux en territoire russe pour détruire des sites et systèmes servant à bombarder l'Ukraine.

Garrot tourniquet pour tous

La Russie avait déjà menacé le 24 juin les Etats-Unis de représailles, les accusant de "tuer des enfants russes", au lendemain d'une frappe en Crimée, péninsule ukrainienne bordée par la mer Noire et annexée par Moscou en 2014.

L'attaque avait fait quatre morts, dont deux enfants, et plus de 150 blessés touchés par les débris d'un missile abattu au-dessus d'une "zone côtière", selon Moscou.

Le Kremlin assure que les frappes de missiles longue portée ATACMS nécessitent des spécialistes, des technologies et des renseignements collectés par les Américains. Le Pentagone s'est borné à dire lundi que l'Ukraine "prend ses propres décisions".

Déjà début juin, le président russe Vladimir Poutine avait menacé de livrer des armes équivalentes à des ennemis des Occidentaux pour frapper leurs intérêts dans d'autres régions du monde.

Parmi d'autres menaces, il a déclaré vendredi que la Russie devrait commencer à produire des missiles de courte et moyenne portée, auparavant interdits en vertu d'un traité avec les Etats-Unis qui n'est plus en vigueur.

Si la flotte russe dispose en mer Noire d'une supériorité numérique, elle a perdu de nombreux navires depuis plus de deux ans, visés par des attaques de drones navals lancés par Kiev.

Grâce à ces frappes, l'armée ukrainienne a repoussé les navires de guerre russes et établi un couloir maritime pour exporter ses céréales. Elle tente aussi d'affaiblir l'important dispositif militaire en Crimée, base arrière de l'effort de guerre russe.

Face aux attaques ukrainiennes, les autorités installées par Moscou à Sébastopol, siège de la flotte russe de la mer Noire, ont demandé jeudi à chaque habitant d'avoir sur soi un garrot tourniquet, un instrument médical servant à stopper les hémorragies.

Munitions

Des combats de haute intensité se poursuivent sur le front, notamment dans l'est, où la Russie a revendiqué vendredi la prise d'un village, Rozdolivka, situé au nord de Bakhmout.

L'armée russe, à l'initiative depuis des mois, a aussi lancé début mai une nouvelle offensive dans la région de Kharkiv (nord-est).

Quatre civils ont été tués vendredi dans un bombardement russe sur la petite ville de New York, dans l'est de l'Ukraine, et trois autres sont morts dans des frappes dans le nord-est et le sud, ont annoncé les autorités.

La localité de New York et sa voisine Toretsk, située sur la ligne de front, subissent, depuis la mi-juin, d'intenses bombardements de la part des Russes qui cherchent à progresser dans la région de Donetsk (est).

Les troupes ukrainiennes ont perdu du terrain face aux Russes cette année car elles sont confrontées à un manque de munitions et à l'épuisement des soldats après plus de deux ans d'invasion russe.

Au moins 174 décès vérifiés de civils ont été recensés en mai, le niveau mensuel de pertes civiles le plus élevé en onze mois, selon les Nations unies.

L'approvisionnement de l'Ukraine en munitions occidentales, surtout en obus, s'est cependant amélioré ces dernières semaines, après plusieurs mois de pénurie, ont dit vendredi à l'AFP des sources au sein de l'armée ukrainienne.

"Le ratio de consommation de munitions était de 1 pour 7 (en faveur de l'armée russe), aujourd'hui il est de 1 pour 3", s'est félicitée vendredi auprès de l'AFP une source au sein de l'état-major ukrainien.

Diplomatie

Sur le plan diplomatique, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit vendredi travailler à un nouveau plan pour mettre fin au conflit, dans le but que celui-ci soit "soutenu par la majorité" des pays du monde. Mais il a aussi juré de continuer de renforcer les capacité militaires de son pays pour imposer à la Russie une "paix juste".

Vladimir Poutine a lui avancé sa propre solution: que l'Ukraine lui cède cinq régions orientales et méridionales et qu'elle renonce à rejoindre l'Otan. De facto une demande de capitulation, rejetée à Kiev comme en Occident.

Les bombardements russes continuent par ailleurs quotidiennement dans les localités ukrainiennes.

ats, afp

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