Roman: La sombre radiographie d’Olivier Pitteloud
Avec son troisième roman, qu’il vernira mardi à la librairie Albert le Grand, l’écrivain fribourgeois prolonge sa veine tragique aux hautes ambitions esthétiques.
Thierry Raboud
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C’est d’abord une langue, agglutination de courtes séquences cousues de virgules, flux pulsé de doubles points, sans cesse relancé d’un paragraphe à l’autre par l’élan d’un «et». A l’oralité très ramuzienne du précédent roman d’Olivier Pitteloud succède ainsi cette prose plus personnelle, à la fois rythmique et sinueuse, elliptique et comme enroulée sur elle-même.
On y retrouve toutefois cette opposition structurante entre deux mondes, constitutive de l’œuvre de l’écrivain fribourgeois, où la modernité urbaine incarnée par une animatrice radio amoureuse de cylindrées américaines se heurte au silence épais du village montagnard, gorgé de rancœurs anciennes, hanté par ces femmes «revêches comme un vieux tapis» dont la «rigidité advenue», à en croire le croque-mort, n’est pas toujours naturelle… Prolongeant sa veine tragique autant que sa quête esthétique, Olivier Pitteloud offre avec Combler la faille une sombre et complexe radiographie d’un corps familial déchiré par la frustra