Un penseur, que Jean-Paul Sartre a qualifié d’antiphilosophe, a rédigé un essai consacré à la valeur esthétique du mariage. Et sa réflexion est d’autant plus surprenante qu’il venait de rompre ses fiançailles et qu’il ne s’est jamais marié. Ses origines sont sa motivation après avoir découvert le secret qui rongeait son père: le philosophe serait le fruit d’un viol perpétré par son père sur une servante qu’il aurait fini par épouser par culpabilité.

Soren Kierkegaard est ce philosophe romantique, ce poète malheureux qui cache en son cœur de profonds tourments. Il souffrira d’une grave dépression lorsqu’il apprendra le mariage de son ex-fiancée et tentera même de renouer avec elle, écrivant maladroitement au mari.

Pourquoi donc prend-il la défense du mariage qui pouvait apparaître comme le parangon (le modèle) de l’ennui bourgeois et domestique? Le mariage, ce ne sont plus des 5 à 7, des escapades, mais un engagement sur le long terme. Pour Kierkegaard, l’étreinte érotique n’égale pas l’étreinte conjugale? Quelle richesse de sens dans le possessif «ma bien-aimée»!

La vie de Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, couple mythique et anticonformiste durant une cinquantaine d’années, contredit Kierkegaard. En effet, la liberté est l’essence de ce couple étonnant qui va multiplier les aventures sans les cacher à l’autre. Simone de Beauvoir a vécu plusieurs relations homosexuelles et une relation passionnée avec un écrivain américain, tandis que Sartre a multiplié les aventures amoureuses. Que vous soyez amant ou mari, l’important n’est-il pas la profondeur des sentiments?