La Liberté

Saine fougue de la jeunesse

Serge Gumy

Publié le 08.06.2015

Temps de lecture estimé : 2 minutes

On les dit impatients, déraisonnables, trop peu ancrés dans la réalité, celle des chiffres. On les soupçonne de vouloir toucher un salaire minimum déguisé pour financer leurs sorties au bistro. L’initiative sur les bourses soumise à votation le 14 juin inspire chez ses opposants une méfiance viscérale vis-à-vis des étudiants. Après tout, ils n’ont qu’à travailler au lieu de revendiquer une aide des pouvoirs publics! clame la vox populi. Sauf que trois quarts des universitaires exercent aujourd’hui déjà une activité lucrative. Pour le reste, c’est d’abord leurs parents qui casquent. Quant aux boursiers, leur part diminue d’année en année. Tant et si bien qu’en comparaison internationale, la Suisse est un des pays les plus pingres envers sa relève.

Et que dire des énormes disparités qui existent entre cantons? En 2013, les boursiers vaudois, tous niveaux confondus, touchaient en moyenne 9600 francs par an, contre un peu plus de 5000 francs pour leurs collègues fribourgeois - alors même qu’ils fréquentent parfois la même école! Afin de combler le fossé, le transfert de compétence des cantons à la Confédération, voulu par l’initiative, s’impose. Il ne fait que prendre acte de l’émergence d’un paysage suisse de la formation, soutenue par le peuple lors d’une précédente votation populaire. A l’inverse, le fédéralisme rigoureux invoqué par les opposants s’avère en décalage flagrant avec la mobilité estudiantine.

Certes, les cantons, au travers d’un concordat, travaillent à une harmonisation des montants versés. Mais tous ne l’ont pas encore signé. A défaut d’un oui le 14 juin, un score honorable les poussera au moins à presser le pas. Et si l’initiative des étudiants présente quelques défauts de jeunesse, en particulier sur la question du financement, elle en a aussi la fougue, impertinente et salutaire. La Suisse ne cesse en effet de se gargariser du fait que la matière grise est sa principale matière première. Il est grand temps qu’elle y mette le juste prix.

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